Après la fuite de Carlos Ghosn, critiques et interrogations au Japon

Carlos Ghosn, le 8 novembre 2018, dans le nord de la France. LUDOVIC MARIN / AFP

Si le gouvernement et la justice du Japon continuent de s’interroger sur la fuite de Carlos Ghosn au Liban, dimanche 29 décembre, la presse nippone, elle, s’en prend directement à l’ancien dirigeant de l’Alliance Renault-Nissan-Mistubishi. Le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun a vu dans son départ un « acte plein de lâcheté ». « Son argument selon lequel il veut prouver son innocence est maintenant remis en question », estime de son côté le progressiste Tokyo Shimbun, qui considère que sa fuite est une insulte au système judiciaire nippon.

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Le même jour, le tribunal de Tokyo acceptait la saisie de 1,5 milliard de yens (12,3 millions d’euros) déposés par Carlos Ghosn au moment de sa libération sous caution, en avril 2019. Cette libération est de ce fait annulée ; si M. Ghosn revenait au Japon, il serait immédiatement incarcéré.

Maigre consolation pour la justice japonaise qui doit désormais faire face à ses responsabilités. « La libération sous caution était une erreur. Le résultat est terrible », a réagi un procureur auprès du quotidien Asahi Shinbun, tandis qu’un autre déplorait « l’anéantissement de tout le travail effectué ». De fait, les procureurs s’opposaient à la libération sous caution, estimant élevé le risque de fuite du suspect, compte tenu de ses puissantes relations.

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Le responsable de sa défense devra s’expliquer

Du côté des avocats de M. Ghosn, la réaction reste la stupéfaction. Ils étaient garants de la libération de leur client et conservaient à ce titre les trois passeports, libanais, brésilien et français, de l’homme d’affaires. Le responsable de sa défense, Junichiro Hironaka, s’est défendu de toute implication. Il devra sans doute s’expliquer.

Se pose également pour Tokyo la question de « récupérer » Carlos Ghosn. L’archipel peut demander au Liban son extradition, mais les négociations s’annoncent délicates. « Les chances d’obtenir une extradition sont quasi nulles », reconnaît-on au sein du gouvernement.

Junichiro Hironaka, principal responsable de la défense de Carlos Ghosn, à Tokyo, le 31 décembre 2019. NAOYA OSATO / AP

Il n’y a pas d’accord bilatéral dans ce sens. Le Japon plaide depuis longtemps pour l’extradition par Beyrouth de Kozo Okamoto, un des auteurs nippons de l’attaque terroriste de 1972 contre l’aéroport international israélien Ben Gourion, qui avait fait vingt-six morts. Beyrouth a toujours refusé de le livrer. M. Okamoto a même obtenu l’asile politique au Liban en 2000.

Le Japon n’a signé des traités d’extradition qu’avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. « Tokyo pourrait éventuellement passer par la France, qui a un tel accord avec le Liban », explique un connaisseur du dossier.

Source : Le Monde.fr

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