Au Japon, le coronavirus provoque une crise de confiance politique

Analyse. Autant que l’augmentation du nombre des Japonais atteints par le coronavirus, qui a atteint le seuil du millier le 4 mars, le manque de cohérence de la politique du gouvernement Abe pour faire face à l’épidémie a ouvert une crise de confiance dans l’Archipel.

Passant de l’inertie aux mesures drastiques, le premier ministre a annoncé la fermeture des écoles publiques jusqu’à la fin mars. Une décision soudaine – qui a forcé des millions de parents à chercher, du jour au lendemain, un moyen de faire garder leurs enfants – interprétée comme une tentative de M. Abe d’enrayer les critiques dont il est l’objet à prendre la mesure de la gravité de la situation. Sur sa lancée, M. Abe a annoncé son intention faire adopter dès la semaine prochaine une loi sur l’état d’urgence permettant de réglementer la liberté de mouvement de la population.

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Critiquée à l’étranger, la gestion de l’épidémie par le gouvernement Abe l’est aussi par les Japonais : selon un sondage de l’agence de presse Kyodo, près de 60 % des personnes interrogées sont insatisfaites des mesures pour endiguer la contagion. L’annulation de visites de touristes et d’hommes d’affaires étrangers ne fait qu’ajouter à l’atmosphère anxiogène dans l’Archipel.

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Le coronavirus a ouvert au Japon une crise à plusieurs facettes : aux carences connues des autorités face à une situation d’urgence, s’ajoutent les efforts qui s’avèrent malencontreux de Tokyo pour ne pas froisser la Chine sur un fond de ralentissement économique. Sur les trois « fronts », les dérapages se sont produits quasi simultanément.

La mise en quarantaine des passagers du paquebot Diamond Princess dans le port de Yokohama a rapidement mis en lumière les cafouillages de la bureaucratie d’un pays, pourtant hyperorganisé, qui est apparu, une fois de plus, désarmé face à une situation de crise. Le Japon a souvent tendance à s’en tenir à la routine des procédures bureaucratiques dans des circonstances exceptionnelles.

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Le séisme de Kobe en 1995 avait entamé le mythe de la sécurité et de la préparation du pays à toute éventualité dont les Japonais avaient été bercés. Ce qui restait de cet espoir a volé en éclats avec l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011. Depuis, des progrès ont été accomplis dans la gestion de crises – avec de graves lacunes : une vingtaine de passagers japonais du Diamond Princess ont quitté le navire sans avoir passé les tests de dépistage – dont une femme, rentrée tout bonnement chez elle en train, qui s’est avérée par la suite être porteuse du virus… Quant au ministère de la santé, il a dû reconnaître qu’il ne pouvait effectuer qu’une fraction du nombre de tests de dépistage annoncé (3 000 par jours).

Source : Le Monde.fr

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