Au Japon, le Covid-19 ravive les tensions autour de la présence militaire américaine

Au rez-de-chaussée d’un petit immeuble beige entre deux terrains vagues longeant la route 189 qui mène à la base militaire américaine d’Iwakuni, dans le département de Yamaguchi, dans le sud-ouest du Japon, l’estaminet Sako ne désemplit pas. Missy Hamano y prépare depuis cinquante-quatre ans des sandwichs BLT (Bacon Lettuce Tomato, bacon, laitue, tomate) pour une clientèle de GI et leur famille.

Les murs sont couverts de photos d’avion de combat, de billets d’un dollar laissés par les militaires de passage et d’un cliché dédicacé de George W. Bush descendant de l’hélicoptère présidentiel. La pétillante vieille dame s’active. « Depuis la réouverture début août, nous avons beaucoup de monde mais les clients restent prudents et achètent surtout à emporter », explique-t-elle.

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Sako a dû fermer près de deux semaines en juillet après la découverte de cas de Covid sur la base américaine. Le virus aurait été apporté par un militaire américain et ses proches. Un choc pour la ville d’Iwakuni mais aussi pour tout le Japon. A son arrivée le 12 juillet à Tokyo, cette famille avait faussé compagnie aux autorités japonaises, se rendant à Iwakuni sans attendre les résultats des tests PCR passés à l’aéroport. Une fois revenue sur la base, la famille, positive mais asymptomatique, a passé vingt-quatre jours en quarantaine.

La base militaire a par la suite confirmé, le 6 août, un nouveau cas, également asymptomatique, et rappelé son engagement à « maintenir des mesures agressives pour atténuer le risque d’exposition au Covid-19, dans et hors de la base ».

Mesures renforcées

Dans la ville de 130 000 habitants connue pour son pont de bois appelé Kintai, construit en 1673, la sensibilité est vive concernant ce qui se passe sur les bases américaines. Mais ces cas de Covid n’ont pas durablement nui à la cohabitation avec la population locale. Les marines sont installés là depuis 1952 et partagent les installations avec une unité de la marine nippone.

Une employée municipale qui préfère conserver l’anonymat, raconte : « J’ai grandi dans le quartier pavillonnaire à la sortie de la base. Il y avait des familles américaines dans le voisinage qui nous donnaient des cadeaux et nous invitaient aux barbecues. C’était sympa et animé le week-end car des filles venaient d’Hiroshima, à une heure de train, pour s’amuser avec les GI. Cela ne se fait plus depuis longtemps et, comme la base est petite, je pense que les militaires sont bien encadrés. »

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Source : Le Monde.fr

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