En plein marasme, Nissan annonce la suppression de 12 500 emplois

Le groupe envisage la fermeture d’usines ou de lignes pour parvenir à une baisse de la production de 10 % au total. BEHROUZ MEHRI / AFP

Le constructeur automobile japonais Nissan, confronté à une dégringolade de ses profits, a annoncé, jeudi 25 juillet, la suppression de 12 500 emplois, parallèlement à la réduction de sa production de 10 % d’ici à 2022-2023.

Le groupe a déjà commencé à mettre en œuvre ses douloureuses mesures dans huit différents sites, comme en Espagne et en Indonésie, portant sur 6 400 salariés au cours des mois passés, a déclaré son patron, Hiroto Saikawa, lors d’une conférence de presse au siège du groupe à Yokohama, dans la banlieue de Tokyo.

Il va les poursuivre en six autres endroits d’ici à 2022-2023, en fermant des usines ou des lignes afin de parvenir à une baisse de la production de 10 % au total. « Les lignes non rentables, et surtout à l’étranger, vont être touchées », a précisé le responsable, sans vouloir dire exactement où. La région latino-américaine est notamment dans le viseur, selon les médias japonais.

Nissan a fait cette annonce alors que ses bénéfices ont fondu au premier trimestre de l’exercice 2019-2020 (avril-juin), tombant au plus bas depuis la crise mondiale de 2008-2009.

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Des résultats « très médiocres »

Hiroto Saikawa, PDG de Nissan, lors d’une conférence de presse pour présenter les résultats du premier trimestre au siège de la société à Yokohama, au Japon, le 25 juillet 2019. ISSEI KATO / REUTERS

« Nous reconnaissons que les résultats sont très médiocres », a affirmé M. Saikawa. Sur la période d’avril à juin, le partenaire du français Renault a vu son bénéfice net fondre de près de 95 % à 6,4 milliards de yens (52 millions d’euros au cours retenu par le groupe), tandis que son chiffre d’affaires reculait de 12,7 % à 2 372,4 milliards de yens sur la période, dans un contexte de ralentissement aux Etats-Unis et en Europe. Le profit d’exploitation est, lui, proche de zéro, chutant de 98,5 % à 1,6 milliard de yens.

« Nous devons admettre que ces chiffres sont en deçà de nos estimations, mais nous pensons que nous pouvons nous redresser » au cours des prochains trimestres, a souligné le patron de Nissan. « Nos actions portent leurs fruits », en particulier aux Etats-Unis, a-t-il estimé. Le constructeur n’a donc pas changé ses prévisions annuelles, visant toujours un bénéfice net de 170 milliards de yens (− 46,7 %) et un chiffre d’affaires de 11 300 milliards de yens (− 2,4 %).

Nissan invoque l’essoufflement du marché automobile mondial, mais il fait aussi les frais de son revirement stratégique, dans la foulée de l’arrestation de M. Ghosn pour malversations financières présumées.

Blâmant la course aux volumes menées par l’ancien magnat de l’automobile qui a hissé l’alliance Renault-Nissan au premier rang mondial (hors poids lourds), le constructeur a décidé de « normaliser ses ventes » en réduisant les mesures incitatives et campagnes de promotion. Au premier trimestre, le pionnier de la technologie électrique a donc moins vendu de véhicules qu’un an plus tôt (− 6 %), avec un recul aux Etats-Unis (− 3,7 %), en Europe (− 16,3 %) mais aussi au Japon (− 2,6 %).

Les profits ont aussi été affectés par « des facteurs extérieurs tels que les coûts des matières premières, les fluctuations de taux de change » et de lourds investissements dans le domaine technologique ainsi que pour répondre au durcissement des réglementations environnementales, explique Nissan.

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Obstacles nombreux

« Ces suppressions d’emplois sont des mesures nécessaires pour restructurer la compagnie et éviter que la situation ne se détériore davantage », a froidement commenté Satoru Takada, analyste au sein du cabinet d’études tokyoïte TIW.

« La question est de savoir si Nissan a touché le fond et va pouvoir renaître rapidement », mais « les perspectives sont vagues et les obstacles nombreux », estime l’expert, évoquant sa relation chaotique avec Renault.

Les deux partenaires, désormais privés de celui qui faisait le ciment de l’alliance, Carlos Ghosn, se sont déchirés ces derniers mois autour de l’avenir de leur union née en 1999 : Renault, qui détient 43 % de Nissan, souhaite une intégration plus poussée, tandis que le constructeur japonais veut à tout prix préserver son indépendance.

Le groupe nippon a d’ores et déjà prévenu jeudi : « Une amélioration significative de ses performances va prendre du temps ».

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Source : Le Monde.fr

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