Human Rights Watch dénonce la persistance des violences sur les sportifs mineurs japonais

« Il m’a frappé au menton et j’avais du sang dans la bouche. 90 % de mes coéquipiers ont été victimes de violence physique ». Shota C. (pseudonyme), 23 ans, a accepté de raconter les violences subies quand il jouait au baseball dans son lycée de Saitama, au nord de Tokyo. Chieko T. (pseudonyme) également. Sportive de haut niveau d’une vingtaine d’années, elle a quasi quotidiennement subi des attouchements de son entraîneur. « A chaque fois, j’avais envie de vomir. Son odeur, ses mains, ses yeux, son visage, sa voix, tout en lui me dégoûtait. »

Ces témoignages apparaissent dans un rapport titré « “On m’a frappé tant de fois que je ne peux plus compter” : Abus envers les athlètes mineurs au Japon », dévoilé lundi 20 juillet par l’ONG Human Rights Watch (HRW).

L’organisation a réuni les témoignages de près de 800 athlètes, dont certains ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques. Tous témoignent des mauvais traitements subis quand ils étaient mineurs, des coups mais aussi des privations de nourriture et d’eau, voire des abus sexuels.

« Depuis des décennies, des enfants sont brutalisés et insultés au Japon, au nom des trophées et médailles qu’ils doivent remporter », regrette Minky Worden, directrice des initiatives mondiales de HRW.

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Une longue liste d’affaires de maltraitance

L’étude sonne comme un rappel dans un pays où les affaires de maltraitance d’athlètes éclatent régulièrement.

  • En 2018, la vidéo d’un entraîneur d’une équipe de baseball d’un lycée de Nagoya, au centre du pays, frappant plusieurs joueurs avait fait scandale.
  • En 2013, l’équipe nationale féminine de judo, dont des judokates ayant participé aux Jeux olympiques de Londres, avait signalé des coups et des insultes de deux entraîneurs, dont l’ancien champion du monde Ryuji Sonoda, pendant un stage préparatoire aux JO.
  • La même année, le judoka Masato Uchishiba, champion olympique à Athènes et Pékin, était condamné à cinq ans de prison pour viol et harcèlement des judokates qu’il entraînait à l’université du Kyushu, au sud-ouest du pays.
  • En 2012, un basketteur du club d’un lycée d’Osaka, à l’ouest de l’Archipel, s’était suicidé car il ne supportait plus les coups de son entraîneur, qui voyait là « une mesure nécessaire pour rendre l’équipe plus forte ». En 2007, un lutteur de sumo de 17 ans avait déjà succombé aux coups portés lors d’un entraînement.
  • Entre 1983 et 2016, au moins 121 personnes sont mortes dans le cadre du judo pratiqué à l’école, signale HRW, « un taux de décès sans équivalent dans d’autres pays développés ».

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Source : Le Monde.fr

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