« La Belle Mort. Vivre sa mort à domicile au Japon » : un accompagnement jusqu’à la fin

Livre. Tout évolue. Même la représentation de cette fatalité qui pèse sur tout ce qui vit : la mort. On ne meurt plus comme autrefois, entouré des siens, mais à l’hôpital. Le rapport à la mort et l’accompagnement des mourants sont en train de changer sous l’effet du vieillissement démographique.

Le Japon, pays où l’espérance de vie est la plus longue de la planète et où, en conséquence, le cheminement vers la fin de personnes fragilisées par l’âge s’allonge, est comme un laboratoire pour les problèmes auxquels sont confrontés les pays développés. Dans l’Archipel, 30 % de la population est âgée de plus de 65 ans (en France, 18 %) et, dans dix ans, les plus de 75 ans représenteront un quart de la population.

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Aussi, Vivre sa mort à domicile au Japon, du docteur Ochiro Kobori, « peut-il contribuer à faire avancer la réflexion sur un problème qui remet en cause nos réflexions sur la pratique médicale et sociale », écrit Xavier Emmanuelli dans la préface à la traduction française qui a le mérite de la fluidité. Il s’efforce d’établir des correspondances entre les systèmes médicaux français et japonais, ce qui facilite la lecture.

Le prolongement de la vie pèse sur les budgets nationaux, et surtout peut-être sur le devoir moral de toute société d’assurer à ses citoyens une mort décente. Le traitement des malades âgés, mourants en devenir, est un problème qui taraude les dirigeants et le corps médical mais aussi l’opinion japonaise, comme en témoigne le film de la cinéaste Chie Hayakawa, Plan 75, présenté mi-mai à Cannes, où elle imagine qu’un jour les personnes âgées pourraient se voir proposer une euthanasie dont elles fixeraient le terme, afin d’alléger le « fardeau » que représente pour l’Etat le maintien en vie de ces « improductifs » dont la présence « handicape » l’économie.

Pentes plus douces vers l’abîme

Loin de cette glaçante version moderniste du film La Ballade de Narayama (1983), de Shohei Imamura, adapté de la nouvelle de Shichiro Fukazawa, qui décrit l’abandon d’une vieille mère par son fils au sommet d’une montagne, le docteur Kobori estime qu’il est devenu impératif de repenser la représentation de la mort, et de réserver aux personnes âgées des pentes plus douces vers l’abîme.

Brillant chirurgien, il est devenu après sa retraite un « médecin de quartier », rendant visite à domicile aux malades âgés qui se trouvent parfois en phase terminale. Il les soigne, les soulage et surtout peut-être les écoute, cherchant à interpréter leurs désirs ultimes ainsi que ceux de leur famille dans le désarroi.

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Source : Le Monde.fr

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