Les paysages nocturnes, une folie que le Japon veut partager avec le monde

LETTRE DE NAGASAKI

L’observatoire perché sur le mont Inasa offre une vue unique sur la baie de Nagasaki, dans le sud-ouest du Japon. De cette hauteur aménagée en terrasse à laquelle on accède par une route serpentant à travers des bois touffus, le paysage sur la ville maritime connue pour son quartier chinois, sa cathédrale Oura et son îlot Dejima, unique porte ouverte de l’Archipel sur le monde au temps d’Edo (1603-1868), paraît encore plus beau la nuit, « grâce à un embellissement avec les LED », assure le maire, Tomihisa Taue. Dans la constellation des lumières de la ville, les services municipaux ont glissé des jeux d’éclairage formant les signes du zodiaque, histoire de donner un aspect ludique à la découverte du paysage.

La vue est un des plus célèbres yakei – littéralement « paysage nocturne » – du Japon. Ces points de vue sont prisés dans le pays, au point que Nagasaki a accueilli le 19 novembre le premier sommet international leur étant consacré, avec comme ambition de faire partager au monde cette passion. Organisée à l’initiative de Marumaru Motoo, pseudonyme du très énergique fondateur du Bureau des admirateurs et de la convention des yakei, la rencontre n’a toutefois attiré que dix pays, dont l’Espagne, Monaco et la Chine.

Elle s’est néanmoins tenue en collaboration avec l’Organisation japonaise du tourisme et en présence de plusieurs municipalités nippones, déjà très engagées dans la promotion des paysages de nuit. « Sapporo a mis en place un conseil de promotion des yakei. Nous avons édité un guide et créé un site Internet », a ainsi expliqué Toshio Ishikawa, maire adjoint de la grande ville du nord. « Les paysages nocturnes ont un potentiel touristique réel. Le Japon va transmettre son savoir-faire à l’étranger », a ajouté Kyoji Kuramochi, vice-président de l’organisme gouvernemental.

A Wajima, 1 004 petites rizières en terrasse

L’attrait pour ces points de vue « date de la période de croissance rapide, dans les années 1960 », explique M. Motoo. Le développement économique a favorisé le tourisme de masse. Pour le voyageur nippon, visiter un lieu passe immanquablement – en plus de l’indispensable dégustation des spécialités du coin – par un moment à admirer le yakei local.

La généralisation de l’usage des LED et de leurs potentialités a permis de les enrichir ou d’en créer de nouveaux, comme celui des 1 004 petites rizières en terrasse de Wajima, sur la côte de la mer du Japon. L’éclairage aux couleurs changeantes suit le contour des rizières. A Tokyo, chaque fin d’année donne lieu à des illuminations diverses, qui sont autant de spectacles débordant de couleurs et ayant leur public.

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Source : Le Monde.fr

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