La « diplomatie du football » pourrait rapprocher le Japon et la Corée du Nord

Le ping-pong facilita, il y a un demi-siècle, le rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine. Le football pourrait aujourd’hui accompagner celui du Japon et de la Corée du Nord. Les équipes féminines des deux pays devaient s’affrontent mercredi 28 février, en soirée, à Tokyo, pour une place aux Jeux olympiques de Paris. A l’aller, joué en Arabie saoudite à la demande de la Corée du Nord, les deux équipes avaient fait match nul 1-1.

Au-delà de l’enjeu sportif, les contacts noués lors de ces rencontres font écho aux rumeurs d’échanges bilatéraux, à Pékin notamment, en vue d’un sommet entre le premier ministre nippon, Fumio Kishida, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un.

Ce dernier a adressé le 5 janvier ses condoléances aux victimes du tremblement de terre du Nouvel An dans la péninsule de Noto (centre). Message apprécié à Tokyo. Le 16 février, sa sœur, Kim Yo-jong, a rendu publique une « opinion personnelle » selon laquelle si le Japon décidait d’ouvrir « une nouvelle ère pour réparer les relations, par un comportement courtois et en rupture avec une hostilité anachronique », les deux pays « pourraient envisager un avenir commun ».

Ne pas « perdre de temps »

Entre-temps, M. Kishida a déclaré le 5 février qu’il était « extrêmement important pour [lui] de prendre l’initiative d’établir des liens au plus haut niveau » avec Pyongyang et que le Japon ne devait « pas perdre de temps ».

Séoul et Washington ne seraient pas opposés à un sommet nippo-nord-coréen même si, remarque Wang Son-taek de l’Institut de la paix de Hanpyeong (Corée du Sud), « ces contacts pourraient fissurer la coopération et la solidarité entre les trois pays sur la Corée du Nord ».

Il y a déjà eu des sommets nippo-nord-coréens au début des années 2002, quand Junichiro Koizumi, premier ministre de 2001 à 2006, a rencontré Kim Jong-il, le père de Kim Jong-un. Le point d’achoppement reste toutefois la question des dix-sept Japonais enlevés dans les années 1970 et 1980 par des agents nord-coréens. M. Koizumi avait pu en rapatrier cinq en 2002, mais Tokyo maintient qu’aucune levée des sanctions nippones ne peut être décidée sans le retour des douze autres. Pyongyang affirme de son côté que ce dossier est clos.

Mais même sur cette question, Tokyo pourrait transiger. M. Kishida se dit aujourd’hui prêt à des entretiens avec M. Kim « sans aucune condition ». Longtemps partisanes d’une ligne ferme, les familles des kidnappés semblent aussi se rallier au dialogue.

Difficile d’anticiper une rencontre prochaine mais le Japon et la Corée du Nord doivent de nouveau s’affronter sur les terrains de football dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde. L’aller est prévu à Tokyo le 21 mars et le retour le 26 mars. A Pyongyang ?

Source : Le Monde.fr

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