Quand « Kiki » Caron frôla l’« incident diplomatique » aux Jeux de Tokyo, en 1964

Demandez à « Kiki » Caron ses souvenirs des Jeux olympiques de 1964 à Tokyo, et la médaillée d’argent, vedette française de l’époque, vous parlera un peu de natation, et beaucoup du Japon. « J’ai failli causer un incident diplomatique ! », se rappelle Christine de son prénom, 16 ans alors. En cause, une intrusion dans la loge d’un « être intouchable », là-bas : l’empereur Hirohito, au Stade olympique national, durant les épreuves d’athlétisme.

« Je voulais voir le 100 mètres de Bob Hayes [champion olympique et ancien recordman du monde de la discipline] et j’avais peur de le louper, alors j’ai couru pour entrer dans une loge. » Sans savoir à qui elle appartenait. « Il y avait déjà de la sécurité, bien sûr, mais peut-être pas autant que maintenant. Des gardiens ont fini par me faire sortir. »

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Deux décennies après la seconde guerre mondiale, l’ambiance au village olympique est à « la fête en permanence » et à une forme d’insouciance, assure Jacqueline Gaugey-Brisepierre, 75 ans. La Française participe alors aux compétitions de gymnastique artistique. Pour l’ouverture de ses premiers Jeux d’été, le Japon a voulu « une cérémonie étonnante et grandiose ». La gymnaste a encore en tête, « comme si c’était hier », cette flamme olympique. Pour la porter, un jeune homme né le 6 août 1945, jour du bombardement d’Hiroshima par l’aviation américaine. Dans les airs, « cinq avions des forces aériennes ont tracé les cinq anneaux olympiques ».

« Du matériel qui n’existait pas en France »

Pour la première fois, les Jeux, auxquels officiellement aucun sportif professionnel ne participe ont droit à une diffusion télévisée en mondovision. « Tous les jours, se souvient Kiki Caron, 73 ans aujourd’hui. Un sac postal de courriers m’attendait à l’entrée du village olympique. » La lycéenne profite de la vie et du twist au village olympique. « Il y avait une espèce de boîte de nuit. Une ambiance très bon enfant. Lorsque j’ai terminé mes épreuves, j’ai eu l’autorisation d’y aller. » Entre sportifs, les discussions se font alors souvent en anglais. « On se comprenait. »

La délégation française dispose de plusieurs points de repères, comme la présence sur place du journaliste Georges de Caunes, voix célèbre de l’ORTF, chargé de publier pour l’occasion un minijournal à destination des Bleus. Et celle « de cuisiniers français [leur] faisant à manger », rappelle aussi l’ancien judoka Jacques Le Berre, 83 ans. A l’époque, les équipes de France sont encore largement masculines ; 120 hommes, 22 femmes. Tous pays confondus, on compte à peine 13 % de femmes sur l’ensemble des participants.

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Source : Le Monde.fr

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