Deux femmes portent le masque devant le temple du quartier d’Asakusa, à Tokyo, le 13 octobre.

Analyse. Face à la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, la Corée du Sud et le Japon ont agi différemment en matière de mesures gouvernementales. Mais les réactions collectives et individuelles des populations ont été similaires. Si ni Séoul ni Tokyo n’ont recouru au confinement total, les deux pays n’en enregistrent pas moins des bilans de la lutte contre le virus qui peuvent surprendre : en dépit de récentes phases de résurgence, la Corée du Sud comptait 25 035 contaminations et 441 décès le 15 octobre, et le Japon 91 402 contaminations et 1 650 morts.

Ayant tiré les leçons de l’épidémie de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) de 2015, le gouvernement sud-coréen a rapidement mis en place un traçage efficace de l’origine des contaminations. Sa communication, cohérente et simple, a facilité la mobilisation de la population. Les autorités ont en outre mobilisé les entreprises pharmaceutiques, afin de mettre au point en un temps record des tests de dépistage et disposer ainsi d’une rapide appréciation de la diffusion du virus.

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Ce traçage des contaminations a suscité inquiétudes et débats sur la protection des données individuelles. Des campagnes de harcèlement en ligne de personnes « identifiées », parfois par erreur, comme porteuses du virus grâce aux informations données par les autorités ont provoqué des drames. Les données divulguées ont donc par la suite été limitées au sexe et à l’âge de la personne, aux lieux visités et aux heures de passage, en évitant toute identification. Grâce aux garde-fous mis en place, la population a adhéré aux décisions des autorités, en dépit des menaces potentielles qu’elles font peser sur la protection des données personnelles, voire d’abus de pouvoir des autorités.

Appels à la vigilance

Dans le cas japonais, l’Etat a d’abord paru pris de court et a donné l’impression de fuir sa responsabilité. L’entêtement du gouvernement du premier ministre Shinzo Abe à maintenir les Jeux olympiques de Tokyo en juillet n’est pas étranger à ce manque de réactivité : ce n’est que pressé par le Comité international olympique qu’il a annoncé, fin mars, le report de l’événement. Prenant finalement en compte la dégradation de la situation, il déclarait une semaine plus tard l’état d’urgence.

Ne disposant pas de moyens légaux pour contraindre les commerces à fermer, le gouvernement, et surtout les gouverneurs des provinces, ont agi en enjoignant à la population de respecter un certain nombre de mesures barrières : port du masque, distanciation physique, hygiène des mains, télétravail ou confinement volontaire, prise de température et désinfection des mains à l’entrée des commerces et établissements publics. Après la levée de l’état d’urgence fin mai, ces appels à la vigilance ont été maintenus.

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Source : Le Monde.fr

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