Pour la première fois, la justice japonaise condamne à mort un chef yakuza

Devant le quartier général des yakuzas à Kobe, au Japon, le 9 septembre 2015. Devant le quartier général des yakuzas à Kobe, au Japon, le 9 septembre 2015.

« Vous allez le regretter toute votre vie. » Satoru Nomura n’a pas décoléré à l’annonce, mercredi 25 août, de sa condamnation à mort par les assises de Fukuoka (sud-ouest du Japon). Le chef septuagénaire de la Kudo Kai, un gang yakuza basé à Kitakyushu dans le département de Fukuoka, était jugé pour son implication dans quatre incidents violents, dont un ayant fait un mort. Egalement sur le banc des accusés, son numéro deux, Fumio Tanaue, devra purger une peine de réclusion à perpétuité.

C’est la première fois qu’un chef yakuza est condamné à la peine capitale. Les crimes ont été commis entre 1998 et 2016. Le Kudo Kai, groupe réputé particulièrement violent, s’en est pris à une coopérative de pêche locale, tuant son patron et poignardant un de ses proches parce qu’ils refusaient de leur ouvrir leurs activités. En 2013, le gang a blessé par balle un policier à la retraite et, en 2016, poignardé une infirmière dont M. Nomura était mécontent.

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Dans aucune des affaires, les deux accusés n’étaient directement impliqués. Les exécutants ont été condamnés et la question était de savoir si MM. Nomura et Tanoue avaient donné des ordres directs.

Le parquet a estimé que c’était le cas. Il a fait valoir que Satoru Nomura méritait la peine la plus dure car il avait un pouvoir absolu dans l’organisation et porte donc la responsabilité des actes commis. Il a aussi mis en avant le fait qu’aucune des victimes n’avait de liens avec d’autres gangs, ce qui pourrait expliquer la sévérité du verdict.

« Des citoyens ordinaires sont devenus des cibles »

Traditionnellement, et selon leurs codes d’honneur – le Jingji (« justice et devoirs ») et le Ninkyodo, la « voie de la chevalerie » – les yakuzas, qui se présentaient autrefois comme une « organisation d’entre-aide » et entretenaient des liens avec les politiques, ne s’en prennent pas au citoyen ordinaire. Ils restent engagés dans leurs activités traditionnelles dans l’immobilier ou le monde de la nuit, voire le racket et le trafic d’amphétamines. Les actes de violence n’interviennent qu’entre organisations rivales.

« Des citoyens ordinaires sont devenus des cibles. Il y a donc eu à plusieurs reprises une menace directe pour la société », a estimé l’accusation, qui a parlé d’incidents « sans précédent dans leur horreur, de la part de gangs ».

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Les deux accusés n’ont cessé de clamer leur innocence. Les avocats ont critiqué les procureurs qui auraient refusé « de prendre en considération d’autres hypothèses parce qu’ils veulent relier de force les accusés aux incidents », et qui « sont entièrement concentrés sur leurs spéculations moralisatrices ». « Je vous ai demandé un jugement équitable. Mais ce n’est pas équitable du tout », a lancé M. Nomura au juge Ben Adachi à l’annonce du verdict.

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Source : Le Monde.fr

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