Passée quasiment inaperçue dans les grands médias au Japon, la mort, samedi 4 novembre, de Haruo Wako, ancien activiste de l’Armée rouge japonaise (ARJ), a pourtant ravivé chez certains le souvenir d’une organisation proche des mouvements de libération de la Palestine, dont les actes de terreur ont marqué les années 1970. M. Wako est mort à 75 ans de causes inconnues à la prison médicale d’Osaka (Ouest), après son transfert de la prison de Tokushima (Ouest), où il purgeait une condamnation à perpétuité. L’ARJ reste associée au massacre en 1972 de vingt-six personnes à l’aéroport israélien de Lod et à des prises d’otages retentissantes en Europe comme en Asie au nom de la révolution et de la cause palestinienne.
Né le 12 juin 1948 à Sendai, dans le département de Miyagi (Nord-Est), M. Wako intègre en 1968 la faculté de lettres de la prestigieuse université privée Keio, à Tokyo. Il se rapproche alors de la Ligue communiste, d’obédience marxiste et, passionné de cinéma, travaille à temps partiel au centre d’art underground Scorpio, haut lieu de la culture alternative dans le quartier de Shinjuku, à Tokyo. Il y fréquente l’écrivain Yukio Mishima (1925-1970), le dramaturge Shuji Terayama (1935-1983), ou encore les réalisateurs Nagisa Oshima (1932-2013) et Koji Wakamatsu (1936-2012), avec qui il travaille après avoir abandonné l’université.
Ses orientations politiques l’amènent à sympathiser avec les membres de la Fraction armée rouge japonaise, comme Masao Adachi, également habitué du Scorpio. La fraction coopère avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), fondé en 1967 par Georges Habache (1926-2008) et Wadie Haddad (1927-1978).
Haruo Wako participe à l’aventure du « microbus rouge » de diffusion dans tout l’Archipel du long-métrage de propagande, tourné au Liban, Armée rouge – FPLP, déclaration de guerre mondiale du tandem Wakamatsu-Adachi. En 1972, il est assistant directeur de la photographie sur le tournage de L’Extase des anges, de Koji Wakamatsu.
Plusieurs prises d’otages
En septembre 1973, M. Wako rejoint l’Armée rouge japonaise. Cette organisation aspirant à l’élimination du système impérial japonais et à une révolution mondiale se veut l’héritière de la Fraction armée rouge japonaise. Elle est créée après le détournement d’un avion de la compagnie nippone JAL en 1972 et permet aux militants de disposer de leur propre entité dans leur partenariat avec le FPLP. Jusque-là, rappelle la cofondatrice de l’ARJ, Fuzako Shigenobu, dans « mon histoire de l’Armée rouge japonaise, avec la Palestine » (Ed. Kawada Shobo Shinsha, 2009, non traduit), ils se considéraient comme des « représentants de la Fraction armée rouge basée au Japon et comme des volontaires travaillant avec le FPLP, comme d’autres étrangers ».
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Source : Le Monde.fr