Vue générale de l’île de Kounachir, l’une des quatre îles de l’archipel des Kouriles qui fait l’objet d’un contentieux entre la Russie et le Japon, en 2016. Vue générale de l’île de Kounachir, l’une des quatre îles de l’archipel des Kouriles qui fait l’objet d’un contentieux entre la Russie et le Japon, en 2016.

La Russie a renoncé, mardi 22 mars, aux négociations en vue d’un traité de paix devant officiellement mettre fin au conflit qui l’oppose au Japon depuis la seconde guerre mondiale. L’annonce de Moscou suit la tournée en Inde et au Cambodge du premier ministre nippon, Fumio Kishida, lors de laquelle il a incité ses interlocuteurs à hausser le ton contre la Russie. Elle survient à la veille de l’intervention du président ukrainien, Volodomyr Zelensky, au Parlement japonais.

Moscou interrompt également les discussions autour des projets économiques envisagés sur les quatre îles du sud des Kouriles, administrées par la Russie mais revendiquées par le Japon, qui les appelle « Territoires du Nord ». « La Russie n’a pas l’intention, dans les circonstances actuelles, de poursuivre les négociations avec le Japon sur un traité de paix », a indiqué dans un communiqué le ministère russe des affaires étrangères.

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« La situation actuelle découle entièrement de l’agression de l’Ukraine par la Russie. La tentative de détourner la responsabilité de cette question vers les relations entre le Japon et la Russie est injustifiée et absolument inacceptable », a réagi M. Kishida.

« Les mesures russes étaient attendues depuis l’annonce des sanctions par le Japon après l’attaque de l’Ukraine. Moscou avait promis une réponse forte », explique James Brown, spécialiste de la Russie à l’université Temple de Tokyo.

Critiques prudentes

Suivant les Etats-Unis et l’Europe, le Japon a été prompt à sanctionner la Russie, lui retirant la clause commerciale de la nation la plus favorisée et gelant les avoirs de dizaines de personnalités, dont le président Vladimir Poutine, et d’entreprises russes. M. Kishida a qualifié l’invasion de l’Ukraine de « barbare ».

Du 19 au 21 mars, le premier ministre nippon a rendu visite à ses homologues indien, Narendra Modi, et cambodgien, Hun Sen, alors que l’Inde comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est – l’Asean, que préside cette année le Cambodge – restent prudentes dans leurs critiques de la Russie. Narendra Modi et Hun Sen ont accepté de « partager leurs inquiétudes » avec le Japon au sujet de l’Ukraine dans les communiqués finaux, qui ne mentionnent toutefois pas la Russie. « L’activisme de Tokyo, surtout auprès de New Dehli, peut inquiéter Moscou », note le professeur Brown.

L’abandon des négociations russo-japonaises s’accompagne d’une intensification de l’activité militaire autour de l’archipel, depuis l’adoption des sanctions. Le 2 mars, un hélicoptère russe a fait une brève incursion dans l’espace aérien japonais, obligeant la chasse nippone à intervenir. Plusieurs bâtiments de guerre, dont des sous-marins et des destroyers, ont passé le détroit de Tsuruga, entre Hokkaido (Nord) et l’île principale japonaise du Honshu. Certains ont croisé au large du cap Soya, au nord d’Hokkaido.

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Source : Le Monde.fr

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