Le dernier fabricant d’écran plat de l’archipel est au bord de la faillite. Seul son premier client est en mesure de le sauver. Un exemple de plus de la déconfiture de l’électronique nippone, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h17 Temps de Lecture 2 min.

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Le gouvernement japonais avait orchestré la fusion des derniers fabricants d’écrans plats, Sony, Hitachi et Toshiba, dans une seule entreprise appelée Japan Display.
Le gouvernement japonais avait orchestré la fusion des derniers fabricants d’écrans plats, Sony, Hitachi et Toshiba, dans une seule entreprise appelée Japan Display. Kim Kyung Hoon / REUTERS

Pertes & profits. L’industrie électronique japonaise n’en finit pas de s’effondrer. Aujourd’hui, c’est son dernier producteur d’écrans plats, le composant le plus cher d’un smartphone, qui menace de disparaître et appelle au secours son client, Apple. Pourtant, les pouvoirs publics ont fait beaucoup pour empêcher cette glissade meurtrière qui menace la présence nipponne dans la haute technologie.

Après avoir vu s’écrouler ses producteurs de puces, le gouvernement nippon a créé en 2012 un fonds destiné à sauver ses dernières pépites. Et notamment la production d’écrans plats. Il a orchestré la fusion des derniers fabricants du pays, Sony, Hitachi et Toshiba, dans une seule entreprise appelée Japan Display. Pour soutenir son développement, elle a été dotée de 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros). Introduite en Bourse en 2014, elle a pu récolter 3 milliards supplémentaires et est devenue le leader mondial de ce secteur stratégique. Aujourd’hui, ce fleuron est au bord de la faillite.

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Sur son dernier exercice fiscal connu, d’avril à juin, la firme a enregistré une perte nette de 770 millions de dollars, quasiment égale à son chiffre d’affaires. Un plan de secours avait été concocté en avril avec des actionnaires taïwanais et chinois continentaux. On apprenait le 26 septembre que l’un d’entre eux, le groupe Harvest Fund Management, basé à Shanghaï jetait l’éponge. En catastrophe, c’est, comme souvent, vers le client que l’entreprise s’est tournée. Apple, qui représente 60 % de son chiffre d’affaires, avait déjà avancé 200 millions de dollars, il devra s’engager beaucoup plus.

Le japon autrefois dominant

Une information à ne pas mettre dans les mains de Donald Trump, qui tente de convaincre les géants de la high-tech américaine de revenir produire au pays. D’ailleurs, Apple a récemment annoncé son intention de fabriquer des ordinateurs portables de haut de gamme Mac Pro dans une usine au Texas. Mais il lui faut aussi sauver l’industrie électronique japonaise. La laisser s’effondrer reviendra à se livrer pieds et poings liés à son meilleur ennemi, Samsung, grand rival dans les smartphones, mais aussi fournisseur majeur d’écrans et de puces mémoires. Voilà qui n’est pas de très bon augure pour faire baisser le prix de ses produits. Or les iPhone se vendent moins bien qu’avant et sont jugés trop chers. Justement, Japan Display, qui a complètement raté la dernière génération technologique, celle des écrans OLED, fournit des modèles moins chers à cristaux liquide, qui conviennent encore aux modèles d’entrée de gamme.

Source : Le Monde.fr

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