Kenichiro Yoshida, le patron de Sony, lors de la présentation de la Vision S, au salon de l’électronique grand public de Las Vegas (Nevada), mardi 4 janvier. Kenichiro Yoshida, le patron de Sony, lors de la présentation de la Vision S, au salon de l’électronique grand public de Las Vegas (Nevada), mardi 4 janvier.

Pertes & profits. Sony n’a peur de rien. L’entreprise a failli mourir tant de fois, a emprunté tant d’impasses : les magnétoscopes, les téléviseurs, les ordinateurs, les téléphones… La société fondée par Akio Morita (1921-1999), en 1946, a toujours su se trouver des protecteurs. Celui d’aujourd’hui porte un étrange costume moulant rouge et noir. On l’appelle Spiderman, et le dernier opus de ses aventures, produit par Sony Pictures, est un succès mondial qui a déjà dépassé le milliard de dollars de recettes. Avant l’homme-araignée, c’est la PlayStation qui avait sauvé, à plusieurs reprises, la société, quand elle a perdu pied face aux Sud-Coréens et aux Chinois dans l’électronique grand public. Avec de tels anges gardiens, la plus audacieuse des sociétés japonaises se sent d’attaque pour s’ouvrir de nouveaux horizons. Et pourquoi pas l’automobile ?

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Au salon de l’électronique grand public de Las Vegas, l’entreprise a clairement annoncé son intention de rentrer sur le marché de la voiture électrique. Mardi 4 janvier, Kenichiro Yoshida, le patron, y a dévoilé la deuxième version de son prototype Vision S, un SUV de sept places. Plus question, comme avant, de tester ses composants, mais bien de vendre ses propres voitures. « Sony est bien positionnée en tant que spécialiste du divertissement créatif pour redéfinir la mobilité », a-t-il déclaré. Ainsi, après avoir défié Hollywood, IBM, Nokia, Canon, Apple et Microsoft, le roi de la PlayStation entend se mesurer à Toyota, Volkswagen ou General Motors.

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L’automobile, comme l’aérien, a toujours fasciné des générations d’entrepreneurs. Et la rupture technologique de la voiture électrique, suscitée par la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ouvre, d’un coup, un marché jusque-là réservé à quelques géants mondiaux ou à des artisans du grand luxe. Mais cela suffit-il d’être un roi du divertissement, un as de la réalité virtuelle, du jeu vidéo et du son en trois dimensions pour propulser des automobiles sur les autoroutes ? C’est en tout cas un long chemin.

Il faut de l’argent

Tout d’abord, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Volkswagen va jeter près de 70 milliards de dollars (62 milliards d’euros) dans la bataille, et se lance, comme ses concurrents, dans la construction de gigantesques usines de batteries. Il faut ensuite des compétences industrielles pointues. C’est sur cette capacité à produire vite, bien et au moindre coût que se construit le modèle économique.

Enfin, il faut de la constance, patienter parfois des décennies avant de trouver le succès. Tesla, le seul nouvel acteur à avoir émergé dans le paysage ces dernières années, a suivi cette route. Sa valorisation boursière stratosphérique lui en a donné les moyens. La montée en cadence industrielle, on se souvient d’Elon Musk dormant dans son usine, n’a pas été de tout repos.

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Source : Le Monde.fr

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