Fumio Kishida, 64 ans, nommé, mercredi 29 septembre, à la présidence du parti au pouvoir, a été élu, lundi 4 octobre, premier ministre du Japon et devait annoncer son équipe gouvernementale.

M. Kishida a remporté 311 voix à la chambre basse de la Diète nationale (le Parlement bicaméral de l’archipel nippon), contre 124 voix pour le principal leader de l’opposition, Yukio Edano. La chambre haute l’a aussi largement plébiscité, avec 141 voix, contre 65 pour M. Edano.

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Le gouvernement sortant, dirigé par Yoshihide Suga, 72 ans, avait démissionné en bloc dans la matinée. M. Suga quitte le pouvoir après un an d’exercice à peine, vaincu par son impopularité du fait de sa gestion de la crise sanitaire et du maintien coûte que coûte des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo à l’été 2021.

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Continuité avec l’équipe sortante

M. Kishida aura fort à faire pour accélérer la reprise économique du Japon tout en évitant la résurgence de la crise sanitaire, et faire face à un contexte géopolitique régional tendu, avec la menace nord-coréenne et les ambitions de la Chine.

Ayant fait consensus au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), cet ancien ministre des affaires étrangères (2012-2017), dont on vante les qualités d’écoute, devra conduire sa formation à des élections législatives qui devront se tenir au plus tard en novembre. Même s’il risque de perdre des sièges, le PLD est toutefois quasi assuré de les remporter de nouveau face à une opposition fragmentée.

L’élection à la chambre basse du Parlement pourrait se tenir le 31 octobre, rapportaient lundi les médias nippons, soit un peu plus tôt que ce qui était attendu. M. Kishida risquerait ainsi de manquer le sommet du G20 de Rome, prévu pour les 30 et 31 octobre.

La composition du nouveau gouvernement a déjà fuité dans la presse locale. Elle révèle une grande continuité avec l’équipe sortante et l’influence de deux grandes factions du PLD : celle dirigée par l’ex-premier ministre Shinzo Abe, 67 ans, et celle du ministre des finances sortant, Taro Aso, 81 ans. Le soutien des parlementaires de ces deux factions avait été décisif pour la nette victoire de M. Kishida au second tour de l’élection interne du PLD.

Le prochain ministre des finances, Shunichi Suzuki, 68 ans, est ainsi le beau-frère de Taro Aso et fait partie de sa faction au sein du PLD. Cet ancien ministre de l’environnement et des Jeux olympiques est, par ailleurs, fils d’un ancien premier ministre, Zenko Suzuki, en poste au début des années 1980.

L’actuel chef de la diplomatie nippone, Toshimitsu Motegi, 65 ans, devrait conserver son poste, tout comme Nobuo Kishi à la défense. Agé de 62 ans, ce dernier est le frère cadet de Shinzo Abe.

Trois femmes seulement au gouvernement

Quelques nouvelles têtes devraient aussi faire leur apparition à un poste de ministre. Et un nouveau portefeuille (sécurité économique) doit être créé, reflétant les inquiétudes grandissantes des responsables nippons vis-à-vis de la concurrence technologique chinoise.

Trois femmes seulement devraient entrer au gouvernement. Parmi elles, Seiko Noda, 61 ans, arrivée quatrième et dernière à l’élection interne du PLD. Elle sera chargée de lutter contre la dénatalité et les inégalités hommes-femmes, ses thèmes de prédilection.

« Le gouvernement de M. Kishida vise un équilibre » entre les grandes factions et générations au sein du PLD. Cela « reflète la volonté de M. Kishida de ne pas se faire d’ennemis », a commenté dans une note Junichi Makino, économiste au sein de SMBC Nikko Securities.

M. Kishida a aussi remplacé l’équipe dirigeante du PLD en fin de semaine dernière. Le nouveau numéro deux du parti est Akira Amari, 72 ans, un ancien ministre de l’économie très méfiant vis-à-vis de la Chine.

L’ultranationaliste Sanae Takaichi, 60 ans, arrivée troisième à l’élection interne du PLD et proche de Shinzo Abe, a été nommée responsable de la stratégie du parti.

Quant au finaliste malheureux de ce scrutin interne, Taro Kono, 58 ans, qui était pourtant plus populaire que M. Kishida auprès de la base du PLD et du grand public, il s’est vu octroyer la responsabilité de la communication du parti, un poste mineur.

Pour comprendre le contexte : En perte de vitesse, le parti au pouvoir au Japon est aussi en quête d’un nouveau président

Le Monde avec AFP

Source : Le Monde.fr

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