Le tableau « La Vierge à l’enfant », d’Alessandro Turchi, à l’ambassade de Pologne à Tokyo, avant son renvoi en Pologne, le 1er juin 2023. Le tableau « La Vierge à l’enfant », d’Alessandro Turchi, à l’ambassade de Pologne à Tokyo, avant son renvoi en Pologne, le 1er juin 2023.

Retrouvé au Japon, La Vierge à l’enfant, du peintre italien Alessandro Turchi (1578-1649), a été restitué mercredi 31 mai à la Pologne. Le tableau faisait partie des œuvres pillées dans ce pays par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. L’affaire met en lumière la situation ambiguë de l’Archipel, parfois considéré comme un paradis pour les œuvres d’art pillées.

La cérémonie organisée pour la restitution de l’œuvre à l’ambassade de Pologne à Tokyo mettait un terme à une procédure entamée après sa découverte, en janvier 2022, lors d’une vente aux enchères dans la capitale japonaise. Repérée par un fonctionnaire du ministère polonais de la culture, elle a été retirée de la vente. Une enquête a révélé qu’elle avait été volée par les nazis en 1940 au palais Lubomirski de Przeworsk, dans le sud de la Pologne.

L’actuel propriétaire, resté anonyme, a accepté de la rendre gratuitement. Piotr Glinski, vice-premier ministre polonais, a indiqué que l’œuvre pourrait être installée au Musée des Princes Lubomirski, une institution en construction à Wroclaw, dans le sud-est du pays.

Pas de législation sur les spoliations nazies

La restitution est un succès de la politique polonaise de rapatriement des œuvres pillées pendant la guerre par les nazis et les troupes soviétiques. « De plus en plus d’objets pillés apparaissent dans les ventes aux enchères parce que la mémoire s’estompe et que les propriétaires ne savent pas d’où viennent les œuvres d’art », a expliqué Agata Modzelewska, cheffe du département du ministère de la culture, chargée de la restitution de ces biens.

C’est la première fois qu’une œuvre pillée par les nazis en Pologne est retrouvée au Japon, ont expliqué les autorités polonaises, qui n’ont toutefois pas établi comment la peinture de Turchi, vendue aux enchères à New York à la fin des années 1990, avait atterri dans l’Archipel.

L’affaire n’a pas fait grand bruit dans un Japon où la question de la restitution d’œuvres pillées ne fait guère débat. Il n’existe pas de législation ou de jurisprudence relative à l’art spolié par les nazis. Le Code civil prévoit qu’une personne qui possède un bien pendant vingt ans en devient automatiquement propriétaire. Il a fallu attendre 2002 pour que le Japon ratifie la Convention adoptée en 1970 par l’Unesco pour la prévention de l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. Ce texte était le premier instrument juridique de protection des biens culturels contre le pillage et les ventes illégales.

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Source : Le Monde.fr

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