L’Australien Scott McIntyre, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 16 janvier.
L’Australien Scott McIntyre, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 16 janvier. EUGENE HOSHIKO / AP

La condamnation à Tokyo de l’Australien Scott McIntyre à six mois de prison avec sursis ravive la douloureuse question de « l’enlèvement » d’enfants en cas de séparation des parents au Japon. Le journaliste de 45 ans a été sanctionné pour être entré dans la résidence où habitent ses beaux-parents nippons, avec l’espoir d’apercevoir ses enfants. « Je ne les ai pas vus depuis près de 250 jours », a-t-il expliqué jeudi 16 janvier lors d’une intervention au club des correspondants de la presse étrangère (FCCJ) à Tokyo.

Interpellé le 28 novembre 2019 à son domicile, M. McIntyre a passé 45 jours en détention, notamment à la prison de Kosuge, célèbre pour avoir abrité pendant près de 130 jours l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn.

Au cours de son procès, il a expliqué avoir simplement voulu s’assurer que son fils et sa fille, âgés de 8 et 11 ans, étaient en sécurité après le passage, à la mi-octobre, du typhon Hagibis. Il a ajouté que sa femme – qui a engagé une procédure de divorce mais ne s’est jamais présentée aux entretiens de conciliation organisés par le tribunal des affaires familiales – était partie avec leurs enfants en mai 2019 et rompu tout contact avec lui. Ses démarches, auprès de la police notamment, n’ont rien donné. « Je ne sais pas où sont mes enfants. Je ne sais même pas s’ils sont vivants ou morts ».

Au cours de l’enquête, le parquet a fait valoir que, selon son épouse, M. McIntyre s’était montré violent avec leur fille, ce qu’il a nié. Les éléments présentés dans ce sens par l’accusation ont été rejetés par le tribunal.

Drame de nombreux parents, étrangers comme japonais

L’affaire rappelle le drame de nombreux parents, étrangers comme japonais qui, du jour au lendemain, se retrouvent privés de leurs enfants dans un pays qui ne reconnaît ni le droit de visite, ni le partage de l’autorité parentale et ne considère pas l’enlèvement d’enfant par l’un des parents comme un crime. En cas de remariage, le nom du parent biologique est même effacé de l’état civil du foyer.

« En Occident, l’intérêt supérieur de l’enfant est de voir les deux parents. Au Japon, il est de vivre dans une maison de manière stable », note Thierry Consigny, conseiller consulaire français à Tokyo. Le système nippon s’appuie sur des principes hérités de l’ère Meiji (1868-1912). Une nouvelle forme légale de la famille avait alors renforcé son aspect patriarcal. Fondée sur l’idée de la « continuité et le maintien de la famille », elle prévoit qu’en cas de séparation, l’un des parents sort de la famille, de la « maison » – « uchi » en japonais – et crée, de fait, un deuxième « uchi », sans rapport avec l’ancienne. Le droit de garde des enfants est attribué à l’un des parents, le plus souvent à celui qui les emmène le premier, sans garantir à l’autre la possibilité de les voir.

Source : Le Monde.fr

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