<img src="https://www.japonologie.com/wp-content/uploads/2020/04/au-japon-shinzo-abe-rattrape-par-une-vieille-affaire-de-corruption.jpg" alt="

Le premier ministre japonais Shinzo Abe, en mars 2017.

« >

Le premier ministre japonais Shinzo Abe, en mars 2017.

EPA/KIMIMASA MAYAMA /Maxppp

Trois ans après, l’affaire de favoritisme au profit de l’institution éducative Moritomo Gakuen revient hanter le premier ministre japonais, Shinzo Abe, et son ministre des finances, Taro Aso. Alors qu’ils pensaient en avoir définitivement fini avec cette vieille affaire, la voilà qui revient sur le devant de la scène en pleine crise du coronavirus. La faute à Mme Akagi – elle ne veut pas donner son prénom – qui a finalement décidé le 18 mars de porter plainte contre le gouvernement central. La veuve de Toshio Akagi, le directeur du bureau du ministère des finances de la région du Kansai qui s’est suicidé en mars 2018, réclame 112 millions de yens (environ 900 000 euros) de dommages et intérêts. Avant de se ­donner la mort, ce haut fonctionnaire avait laissé une note où il reconnaissait avoir dû falsifier des documents officiels sur ordre de l’ancien directeur de l’agence japonaise des impôts, Nobuhisa Sagawa, qui lui-même aurait agi pour ­protéger M. Abe.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Japon, Shinzo Abe accusé de faveurs envers une fondation nationaliste

L’affaire Moritomo Gakuen avait éclaté le 8 février 2017. Elle révélait que ce groupe, engagé dans la promotion d’un enseignement « réaffirmant le caractère impérial du Japon », avait bénéficié d’un rabais de près de 85 % pour l’acquisition d’un terrain à Osaka ­appartenant au ministère du territoire afin d’y construire une nouvelle école. Les dirigeants de Moritomo, Yasunori Kagoike, et son épouse, Junko, sont proches d’Akie Abe, l’épouse du premier ministre, qui avait été nommée ­proviseure honoraire du futur établissement. Son nom, comme celui de son mari et d’autres hauts responsables politiques, apparaissait dans 14 documents administratifs liés à la cession du terrain. M. Sagawa aurait fait pression sur M. Akagi et le bureau des finances du Kansai, chargés de la transaction, pour les effacer. L’une des parties supprimées était une citation de Mme Abe, qui appuyait la transaction : « C’est un bon terrain. Veuillez continuer. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Akie Abe : celle par qui le scandale arrive

Depuis, malgré la gravité des faits, ni le couple Abe ni aucun autre responsable politique n’ont été inquiétés. Ne supportant pas d’avoir dû enfreindre les règles, M. Akagi a mis fin à ses jours juste avant la diffusion publique d’un rapport du ministère des finances qui reconnaissait que Nobuhisa Sagawa « avait défini la direction à donner à la falsification des documents ­». La question était, et reste donc de savoir si M. Sagawa avait agi de son propre chef ou sur ordre. Appelé à témoigner sous serment au Parlement en 2018, le fonctionnaire avait refusé de répondre à la question, affirmant que, s’il le faisait, il ­s’exposait à des poursuites. Par la suite, 38 fonctionnaires du ministère des finances, dont lui-même, avaient été légèrement sanctionnés, d’une amende, d’une baisse de salaire, voire d’un avertissement. La plainte de Mme Akagi permettra-t-elle d’en savoir plus ? Dans sa note, son défunt mari accuse directement M. Sagawa : « Personne ne peut dire non à ses ordres. » « Dans le royaume qu’est le ministère des finances, nous, les subalternes, sommes des agneaux sacrificiels bons à être éliminés. Qu’est devenu ce monde ? »

Source : Le Monde.fr

Partagez !

Laisser un commentaire