Dans la région indo-pacifique, l’heure est au minilatéralisme, avec des coalitions flexibles de petits groupes de pays, montées au gré des intérêts partagés et des zones d’influence. Cette logique soutient l’axe Paris-Delhi-Canberra, que le président Emmanuel Macron avait qualifié d’« absolument clé pour la région et nos objectifs communs dans la zone indo-pacifique », lors de sa visite en Australie, en 2018. Face au défi « hégémonique » chinois, la France appelle « un vrai nouvel ordre géostratégique ».

Un avion militaire français Rafale atterrit sur le porte-avions « Charles-de-Gaulle » lors d’un exercice naval indo-français « Varuna », dans la mer d’Oman, au large de Goa, en mai 2019.

Le terme d’« axe » a cependant vite été abandonné, la France veillant désormais à paraître « inclusive » – ainsi que le soulignent les documents publiés, en 2018 et 2019, par les ministères des affaires étrangères et de la défense sur l’Indo-Pacifique – en coopérant avec la Malaisie, le Vietnam, le Japon… Tokyo et Paris ont ainsi passé, en 2016 et 2018, des accords de transferts de technologie et de soutien logistique. Le 4 novembre, le Quai d’Orsay a nommé un ambassadeur pour l’Indo-Pacifique, Christophe Penot, ex-ambassadeur en Australie, dont l’une des missions sera de faire comprendre le concept aux autres ministères.

Paris fonde sa légitimité sur ses départements et territoires ultramarins, qui rassemblent 1,6 million de citoyens et plus de 90 % des 9 millions de km² de la zone économique exclusive (ZEE) française : Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie et Polynésie dans le Pacifique ; La Réunion et Mayotte dans l’océan Indien.

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Une position d’équilibre

Dans ce grand espace, a rappelé fin octobre un haut responsable militaire, « la France peut se présenter en voisin et non en étranger, ce qui est particulièrement important pour dialoguer avec des partenaires ». Elle promeut une position « d’équilibre » entre Washington et Pékin, refusant, comme le note Céline Pajon, de l’Institut français des relations internationales (IFRI), d’être formellement associée au Quad, le dialogue quadrilatéral noué entre le Japon, l’Inde, les Etats-Unis et l’Australie. « L’accent mis sur la multipolarité et le multilatéralisme diffère de la vision plus conflictuelle de l’administration Trump d’une stratégie indo-pacifique visant à construire des coalitions anti-Chine, écrit-elle dans une note à paraître. La France ne soutient pas la tentative de Washington de se découpler économiquement de Pékin. Et elle insiste sur le fait que sa stratégie indo-pacifique n’est pas seulement militaire. »

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Source : Le Monde.fr

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