Max Verstappen des Pays-Bas célèbre sa victoire lors du Grand Prix du Japon, le 9 octobre 2022. Max Verstappen des Pays-Bas célèbre sa victoire lors du Grand Prix du Japon, le 9 octobre 2022.

En Formule 1, le bras de fer de la saison 2021-2022, assorti d’un suspense et d’une dramaturgie à couper le souffle, n’est plus qu’un lointain souvenir. Le duel épique entre Lewis Hamilton et Max Verstappen s’était dénoué lors du dernier tour de la dernière course. Dix mois plus tard, l’épilogue du championnat offre a contrario un scénario sans surprise, puisque le Néerlandais a réalisé en 2022 un impressionnant cavalier seul.

Dimanche 9 octobre, il s’est imposé lors du Grand Prix du Japon devant Sergio Perez et son principal rival, Charles Leclerc, troisième après une pénalité de cinq secondes. « C’est fou, c’est un mélange d’émotions. J’ai gagné la course, j’ai gagné le championnat, a réagi le double champion du monde. Quelle saison nous avons vécue. Je n’aurais jamais imaginé autant dominer après ce qui s’est passé l’an dernier où l’on s’est battu jusqu’au bout. Nous avons une si belle voiture. »

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Sans surprise au vu de la saison mais avec beaucoup de confusion et de rebondissements à Suzuka. Sur un circuit japonais rendu très difficile par la pluie qui s’est abattue et a provoqué l’interruption de la course pendant de longues minutes dès le troisième tour, le champion du monde en titre a récidivé en conservant son bien alors qu’il reste quatre courses à disputer au calendrier. Le scénario a été surprenant puisque Verstappen ne pensait pas dans un premier temps marquer suffisamment de points pour être sacré dès ce week-end.

Ce n’est que pendant son interview d’après-course qu’il a appris la nouvelle. Lorsque le nombre de tours parcourus est compris entre 50 % et 75 % du nombre total de tours prévus d’un Grand Prix (53 à Suzuka), les points distribués sont réduits : 19 par exemple pour le vainqueur au lieu de 25 et 14 pour le deuxième au lieu de 18 points. Or, à la surprise générale, selon un obscur alinéa du complexe règlement de la Formule 1, la direction de course a finalement décidé d’attribuer le nombre classique de points, même si les pilotes n’ont achevé que 27 des 53 tours du Grand Prix nippon.

Avec la pénalité de Leclerc, qui a manqué son dernier virage, Verstappen inscrit dix points de plus que le Monégasque. Il accroît ainsi son avance de 104 à 114 points. Il devance aussi son équipier Sergio Perez de 113 points. Et ne peut plus être rejoint au classement du championnat du monde des pilotes.

« Il a été au top de son talent »

Tout au long de la saison, l’appétit de « Max » aura été maximal, comme le slogan que ses nombreux supporteurs « oranje », qui le suivent partout dans le monde, arborent sur leur tee-shirt. En dix-huit courses, il en a gagné douze. Le champion a fait l’unanimité au sein même des paddocks. « Il a été au top de son talent. Il a été très constant, reconnaît le Français Esteban Ocon, pilote d’Alpine. Il a aussi réussi des courses extraordinaires en partant de très loin derrière, en remontant et en gagnant sans aucun contact, sans aucune erreur. Félicitations à lui. »

Pourtant, le début d’année laissait augurer d’une belle rivalité, non plus entre Mercedes et Red Bull, mais entre le revenant Ferrari et l’écurie de la marque de boisson énergisante autrichienne. Le retour au premier plan de la célèbre écurie transalpine ne fut qu’un feu de paille : deux victoires sur les trois premiers Grands Prix pour Charles Leclerc. A Imola en avril, sur les terres « rossi », Verstappen entamait une série de cinq succès en six courses, ne laissant que des miettes à la concurrence, dont une victoire… à son équipier Sergio Perez.

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Au cœur de l’été, Ferrari allait brièvement espérer avec deux victoires en Grande-Bretagne (3 juillet) et en Autriche (10 juillet) avant de céder définitivement dès le Grand Prix de France (24 juillet). Max Verstappen était trop fort, à l’image de sa performance époustouflante sur le circuit de Spa-Franconchamp, où le Néerlandais allait remporter, le 28 août, le Grand Prix de Belgique malgré une pénalité qui l’avait repoussé à la 14e position sur la grille de départ.

Même son patron, le Britannique Christian Horner, qui fréquente le phénomène depuis sa promotion chez Red Bull en 2016, n’en revenait pas : « Vous assistez à la performance d’un pilote qui ne fait qu’un avec sa voiture (…) dans un état de grâce. » Une semaine plus tard, c’est à domicile que le pilote semait encore un peu plus la concurrence. A Zandvoort aan Zee – petite station balnéaire néerlandaise de la mer du Nord – 300 000 spectateurs fêtaient avec quelques semaines d’avance la victoire et surtout le titre promis à leur favori.

« Un gars normal »

Taiseux, homme de peu de mots – sauf lorsqu’il invective adversaires, commissaire de course ou même sa propre équipe en pleine course –, peu expansif, Verstappen contraste avec l’enthousiasme de son armée orange de fans. Ce fils de pilote (son père Jos a aussi conduit une F1) est né pour piloter un bolide. Et il n’y a guère que ça qui l’intéresse. En cela, il est très éloigné du glamour de son prédécesseur Lewis Hamilton, star planétaire à l’aise dans l’univers des paillettes et du show-business.

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Dans un récent entretien au Monde, sur ses terres, Verstappen se définissait lui-même comme « un gars normal ». Et après avoir patienté cinq ans en F1 pour pouvoir se mêler à la course au titre, il trouvait également normale son évolution : « Avec les années, tu ne t’améliores pas tellement sur ton rythme brut en course mais tu progresses en expérimentant des choses tout au long des saisons, comme si tu assemblais les pièces d’un puzzle. »

Gagner la saison dernière a constitué un déclic après des années de frustration : « J’ai toujours dit que tout ce qui viendrait après la première victoire en championnat serait un bonus. C’est effectivement le cas. » Sans que cela constitue pour autant un aboutissement. Cela serait mal connaître cet obsédé de la performance et de la victoire : « Mais je veux gagner encore plus. »

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A 25 ans, qu’il a fêtés la semaine dernière à Singapour, le champion semble être arrivé au paroxysme de son art. Sans penser aux sept titres consécutifs d’Hamilton, il peut rêver d’une longue série de succès. Engagée dans la première année de sa nouvelle réglementation, censée permettre plus de concurrence et un rééquilibrage entre plusieurs écuries, la F1 n’espérait pas une domination si écrasante. La voir se prolonger ne serait bon ni pour son image ni pour celle de son champion.

Polémique sur la sécurité des pilotes à Suzuka

En octobre 2014, sur le circuit de Suzuka, Jules Bianchi avait heurté en pleine vitesse une grue de levage qui manœuvrait pour dégager une autre monoplace. Plongé dans le coma, le jeune pilote français était mort neuf mois plus tard.

Huit ans après ce tragique accident, un drame a peut-être été évité lors de l’édition 2022 du Grand Prix du Japon. Un autre pilote tricolore, Pierre Gasly, a évité la collision avec un engin similaire qui était entré sur la piste pour dégager la monoplace accidentée de Carlos Sainz. Le drapeau rouge n’avait, semble-t-il, pas encore été brandi ou était sur le point de l’être. « J’aurais pu me tuer », s’est emporté Gasly.

« Comment faire comprendre que nous ne voulons jamais voir une grue sur la piste ? Nous avons perdu Jules à cause de cette erreur. Ce qui s’est passé aujourd’hui est totalement inacceptable !!!!! », a notamment réagi Sergio Perez sur Twitter, avant même que la course ne reprenne.

Source : Le Monde.fr

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