Situé sur les hauteurs de Kyoto, l’établissement français accueille chaque année des créateurs français en résidence. Un cocon de rêve pour les designers, dans un pays où la culture de l’objet est poussée à un haut niveau.

Par Publié aujourd’hui à 13h42

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La Villa Kujoyama, résidence d’artistes à Kyoto, rattachée à l’Institut français du Japon.
La Villa Kujoyama, résidence d’artistes à Kyoto, rattachée à l’Institut français du Japon. Hiroshi Okamoto pour M Le magazine du Monde

Des morceaux de bambous. Voilà ce que le designer français Samy Rio a rapporté d’un séjour au Japon. Il les a glanés dans les montagnes autour de Kyoto ou bien des moines les lui ont offerts alors qu’il visitait un temple. Parfois, il les a aussi coupés dans le jardin de la Villa Kujoyama, une construction de béton à la périphérie de Kyoto, qui l’a accueilli de mai à juillet dernier.

Pendant trois mois, le diplômé de l’Ensci a vécu et travaillé dans cette résidence d’artistes, l’une des trois institutions publiques françaises du genre à l’étranger, avec la Villa Médicis, à Rome, et la Casa de Velázquez, à Madrid. Trois lieux éloignés de plusieurs milliers de kilomètres, mais que l’exposition « ¡ Viva Villa ! » réunit jusqu’au 10 novembre à la collection Lambert, à Avignon, en présentant une sélection de travaux d’anciens résidents. Sur un mur du musée provençal, Samy Rio a accroché ses bambous travaillés, tordus, découpés, qui ont été au cœur de son projet de recherche pendant son séjour au Japon.

Des studios monacaux, en duplex

Le designer, né en 1989, n’est pas le seul de sa discipline à avoir fait un séjour dans la Villa à flanc de montagne, inaugurée officiellement en 1992. Nombreux sont ceux, dans la famille du design français, à avoir résidé dans les studios monacaux, en duplex, avec espace de vie et de travail au rez-de-chaussée et lit à l’étage.

Les premiers furent Christian Ghion et Patrick Nadeau, en 1995, relayés par différents types de profils : des designers-artistes comme Florence Doléac-Stadler, en 1999 ; des têtes chercheuses comme Benjamin Graindorge, en 2009, et Felipe Ribon, en 2016 ; des touche-à-tout comme Pierre Charpin, en 2012 ; des créateurs habitués à travailler avec les artisans comme François Azambourg, en 2015…

La designer culinaire Luz Moreno, dans son atelier de la Villa.
La designer culinaire Luz Moreno, dans son atelier de la Villa. Hiroshi Okamoto pour M Le magazine du Monde

Si écrivains, plasticiens ou cinéastes sont présents à Kyoto, chaque promotion, d’une vingtaine de résidents, réservant une place à toutes les disciplines, la Villa Kujoyama est un lieu où les designers trouvent un terrain particulièrement propice. Les écrivains ou les peintres lui préfèrent la prestigieuse Villa Médicis, heureux de suivre les traces d’Hervé Guibert ou de Balthus.

Les designers, eux, s’arrachent cette résidence où ils se retrouvent immergés dans un Japon qui les fascine, avec sa culture de l’objet si particulière. Ici, pendant quelques mois (deux à six, selon le dispositif de résidence), ils ont le temps de travailler sur des créations, sans contraintes et, surtout, libérés des desiderata des industriels. Tous en parlent comme d’une parenthèse enchantée dans leur carrière. Ce qui fait de la Villa Kujoyama, à 9 600 kilomètres de Paris, un haut lieu du design français.

Source : Le Monde.fr

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