Denny Tamaki à Uruma (Japon), le 25 août 2022. Denny Tamaki à Uruma (Japon), le 25 août 2022.

Polo blanc et vert, masque arc-en-ciel et gants blancs, Denny Tamaki a le sourire. Le gouverneur sortant d’Okinawa, archipel du sud du Japon, part favori pour conserver son siège lors de l’élection, prévue dimanche 11 septembre. Le métis né d’un père GI et d’une habitante d’Okinawa, animateur radio, militant pour la paix et ancien député, devrait garder la tête du département le plus méridional du Japon, et ainsi infliger un camouflet au gouvernement central japonais, qui soutient son premier adversaire, Atsushi Sakima.

En attendant, le fringant sexagénaire parade à Uruma, sa ville natale, flanqué de bannières affichant son slogan : « Pour une société chaleureuse, dans l’esprit d’Okinawa, qui ne laisse personne tomber ». Candidat de la coalition « All Okinawa » réunissant démocrates, communistes, ONG environnementales et une partie du monde local des affaires, M. Tamaki martèle son souhait de promouvoir les femmes, de protéger l’environnement et, surtout, de voir « Okinawa rester une île de paix ».

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De quoi irriter le gouvernement central car « Denny », comme l’appellent affectueusement ses supporteurs, reste déterminé à stopper le déménagement de la base américaine des marines de Futenma, actuellement dans la ville de Ginowan, vers un site aménagé sur un polder en construction à la pointe d’Henoko, au nord d’Okinawa.

« Rien n’a changé »

Cette opération, négociée par Tokyo et Washington en 2006, se poursuit sur fond de tensions grandissantes avec la Chine autour de Taïwan. Les manœuvres lancées par Pékin en août après la visite sur l’île « rebelle » à la Chine de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont empiété sur la zone économique exclusive du Japon. Pékin n’a pas hésité à tirer une salve de missiles qui sont tombés non loin de Yonaguni, l’île la plus à l’ouest de l’archipel et faisant partie d’Okinawa. Pour Tokyo, pas question, dans ce contexte, de renoncer au déménagement de Futenma. Le Japon veut même renforcer la défense d’Okinawa.

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Or Futenma reste un point de crispation pour la population locale, qui y voit l’expression du mépris du pouvoir central pour un département qui représente 0,6 % du territoire nippon mais abrite 70 % des bases américaines de l’archipel. « Le gouvernement s’en moque. Le problème des bases date de la seconde guerre mondiale et rien n’a changé », tempête Hiroji Yamashiro, infatigable militant pacifiste croisé au camp de toile et de bois dressé à Henoko par les opposants au transfert. « Nous nous inquiétons des tensions avec la Chine. Mais le gouvernement central ne respecte pas la volonté du peuple d’Okinawa. Nous voulons une répartition équitable du fardeau des bases américaines », ajoute Kenichi Moriyama, enseignant d’anglais soutenant « Denny ».

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Source : Le Monde.fr

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