La consolidation des relations sécuritaires entre les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon, décidée vendredi 18 août à Camp David (Maryland, Etats-Unis), a donné lieu à beaucoup d’effets d’annonce sur le nouveau pôle géostratégique en formation en Asie du Nord-Est.

Ce rapprochement est facilité par un contexte international dégradé, marqué par la guerre en Ukraine, la menace chinoise sur Taïwan, les tensions nées des contentieux territoriaux de Pékin avec ses voisins et le développement militaire nord-coréen. Un contexte qui pousse l’administration Biden à mettre en réseau ses alliances bilatérales : c’est le cas avec le Quad (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité) réunissant l’Australie, le Japon et l’Inde, l’Aukus avec le Royaume-Uni et l’Australie ou encore l’alliance Chips sur le très stratégique marché des semi-conducteurs, avec Taïwan, la Corée du Sud et le Japon.

La coopération triangulaire entre les Etats-Unis et ses alliés sud-coréen et japonais a toujours été imparfaite. Depuis des décennies, Washington cherche à institutionnaliser une collaboration militaire triangulaire avec Séoul et Tokyo. L’accord de Camp David représente à cet égard une avancée significative, car il prévoit des rencontres trilatérales annuelles, des manœuvres communes et un échange d’informations des services de renseignement.

Risques de tensions

Ce rapprochement apparaît toutefois assez fragile et comporte potentiellement des risques de tension supplémentaires. Le président américain, Joe Biden, et le premier ministre japonais, Fumio Kishida, ont qualifié le sommet de Camp David d’« historique ». Or, l’histoire est précisément un facteur d’incertitude qui pèse sur cette coalition tripartite. « Les relations entre les trois pays oscillent avec des périodes de progrès réels vite annulés par des changements de l’environnement sécuritaire ou des évolutions politiques au Japon et en Corée du Sud », rappelle Christopher Johnstone, du Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a cherché à renforcer la coopération sécuritaire avec ses deux alliés d’Asie de l’Est. L’objectif a été facilité par l’arrivée à la présidence en Corée du Sud, en mai 2022, du conservateur Yoon Suk-yeol. A marche forcée, celui-ci s’est employé à opérer un rapprochement avec le Japon en cherchant à mettre en sourdine la « guerre des mémoires », qui envenime périodiquement les relations entre les deux voisins. Son projet de financer par des fonds privés les indemnités des Coréens victimes du travail forcé du temps de la colonisation japonaise (1910-1945) – et ainsi de mettre fin aux poursuites mal vues par Tokyo contre les entreprises japonaises qui les exploitaient – a facilité les choses. Non sans susciter le vif mécontentement d’une partie de l’opinion sud-coréenne.

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Source : Le Monde.fr

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