La ministre japonaise de la justice, Yoko Kamikawa, à Tokyo le 16 septembre 2020. Le cabinet formé par Yoshihide Suga ne compte que deux femmes sur 21 ministres.

Le Japon a un nouveau gouvernement mais reste « une démocratie sans femme ». Tel est l’amer constat exprimé le 23 septembre à Tokyo au Club des correspondants de la presse étrangère (FCCJ) par Tomomi Inada, parlementaire du Parti libéral-démocrate, le PLD au pouvoir, et ancienne ministre de la défense.

Le cabinet formé par Yoshihide Suga, entré en fonction le 16 septembre, ne compte que deux femmes sur 21 ministres : Yoko Kamikawa à la justice et Seiko Hashimoto chargée des Jeux olympiques. « L’impression domine toujours au Japon que la politique est une affaire d’hommes », analyse Mme Inada. L’élue du département de Fukui (Centre) a elle-même dû surmonter l’opposition de ses parents quand elle s’est présentée pour la première fois en 2005.

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Connue pour ses positions nationalistes, Mme Inada s’est rendue au sanctuaire Yasukuni, symbole du Japon militariste, et conteste les accusations sur le rôle de l’armée nippone dans l’établissement du système des femmes dites « de réconfort », un euphémisme qualifiant les femmes contraintes de se prostituer pour les militaires pendant la guerre.

Rien n’indique une volonté de changer la situation

Au sein du PLD, elle a toutefois établi en 2015 une commission chargée de réfléchir aux questions liées aux LGBT. Elle a contribué à un ouvrage cosigné par 10 femmes parlementaires et paru en avril, appelant à l’établissement de quotas et l’adoption d’une loi sur la parité. Lors de la campagne interne au parti, début septembre, ayant conduit à l’élection de M. Suga pour succéder à Shinzo Abe à la tête du gouvernement, elle a, avec d’autres élues, remis des propositions dans ce sens aux candidats.

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« Il semble qu’elles n’ont pas été prises au sérieux », regrette-t-elle. Rien n’indique une volonté de changer la situation dans un pays classé, en 2020, 121e sur 153 pays en matière d’égalité hommes-femmes par le Forum économique mondial, et où les femmes ne représentent que 10 % des parlementaires.

La politique promue dès 2014 par Shinzo Abe pour « faire briller les femmes » leur a ouvert un peu plus le marché du travail, mais les emplois occupés restent majoritairement précaires et mal payés. L’objectif d’avoir 30 % de femmes dans des postes à responsabilités avant 2020 a été reporté à 2030.

L’inertie du monde politique contraste avec les débats qui traversent la société. La prise de position de Mme Inada suivait l’annonce, le 22 septembre, de la sélection par le magazine américain Time, de deux Japonaises parmi les 100 personnalités les plus influentes de 2020.

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Source : Le Monde.fr

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