Le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, passe en revue les forces armées aériennes japonaises sur la base de Sayama, au nord-est de Tokyo, le 28 novembre. Le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, passe en revue les forces armées aériennes japonaises sur la base de Sayama, au nord-est de Tokyo, le 28 novembre.

La décision prise, vendredi 18 décembre, par le gouvernement japonais de doter la marine de deux destroyers équipés du système de défense antimissiles Aegis et d’acquérir des missiles antinavires hypersoniques à longue portée, n’a pas de quoi satisfaire pleinement les Forces d’autodéfense (FAD, nom officiel de l’armée nippone), inquiètes de la rapide montée en puissance chinoise. Ces matériels renforcent le « bouclier » nippon mais ne répondent pas aux attentes d’une armée en pleine transformation et qui souhaite des équipements « offensifs » lui permettant, par exemple, de frapper en territoire ennemi un pas de tir de missile, avant son lancement.

La question reste sensible dans un pays attaché au pacifisme et au renoncement à la guerre inscrit dans l’article 9 de sa Constitution. Politiquement, le gouvernement ne veut pas froisser le très pacifiste parti Komei, partenaire du Parti libéral-démocrate dans la coalition au pouvoir.

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Créées en 1954, les FAD assurent la défense d’un territoire insulaire entouré de voisins chinois, russe et sud-coréen, avec lesquels le Japon entretient des contentieux territoriaux. Elles le font en coopération avec l’armée américaine, qui maintient 57 000 militaires dans l’archipel, dans le cadre de l’alliance bilatérale de sécurité de 1960.

Aujourd’hui, les FAD sont confrontées à un environnement en évolution rapide caractérisé par « un renforcement des moyens et une intensification des activités militaires » et des « zones grises associées à des intérêts territoriaux, de souveraineté et économiques », dixit le Livre blanc 2020 de la défense. Le mandat du président américain Donald Trump a soulevé des interrogations sur l’engagement des Etats-Unis dans la région.

Menace nord-coréenne

La menace qui émanait, au nord, de l’URSS pendant la guerre froide, vient désormais de la Corée du Nord et de ses missiles, et surtout de la Chine. Des F-15 décollent quasi quotidiennement pour contrer des incursions d’avions de combat chinois dans l’espace aérien nippon. En mer, les gardes-côtes japonais, épaulés par la marine, interviennent face à leurs homologues chinois qui taquinent les eaux autour des îlots disputés Senkaku-Diaoyu, en mer de Chine méridionale. En 2019, 1 097 navires chinois ont été identifiés dans les eaux contiguës japonaises, contre 607 en 2018.

« Les Chinois font tout pour convaincre qu’ils sont dans un comportement agressif », constate Robert Dujarric, de l’Institut d’études asiatiques contemporaines (ICAS) de l’université Temple du Japon. « Quand le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, est venu à Tokyo en novembre, il a été très ferme sur les Senkaku », confirme Narushige Michishita, vice-président de l’Institut national des sciences politiques, qui n’hésite pas à comparer le régime chinois et le Japon militariste des années 1930, avec des dirigeants enfermés dans une logique agressive, et dont s’écarter « s’apparente à de la faiblesse ».

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Source : Le Monde.fr

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