Shinzo Abe, alors premier ministre du Japon, passe en revue des membres des Forces d’autodéfense du Japon à la base d’Asaka, dans le nord de Tokyo, le 27 octobre 2013. Shinzo Abe, alors premier ministre du Japon, passe en revue des membres des Forces d’autodéfense du Japon à la base d’Asaka, dans le nord de Tokyo, le 27 octobre 2013.

Le dramatique assassinat de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, figure politique la plus connue sur la scène internationale pour ses prises de position en faveur d’une réforme de la Constitution pacifiste japonaise et d’un renforcement des moyens militaires du pays, ne semble pas avoir eu des motivations politiques : l’auteur aurait été mû, selon les premiers éléments de l’enquête, par une rancune personnelle. La droite du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir n’en perd pas moins sa figure de proue en la personne de M. Abe. Sa disparition pourrait avoir des conséquences sur le positionnement international du Japon et aviver les divergences suscitées par l’alignement géostratégique de l’Archipel sur les positions occidentales, dont l’ancien premier ministre se voulait l’ardent défenseur.

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L’adhésion à part entière du Japon à la stratégie du camp occidental face à la Chine et à la Russie est assurément ressentie avec une certaine fierté à Tokyo. Dans le passé, l’Archipel a souvent été critiqué, non sans condescendance, par ses partenaires pour les louvoiements auxquels l’obligeaient les dispositions de sa Constitution en cas de crise internationale.

Sans être parvenu à réviser le texte fondamental, Shinzo Abe a réussi à en imposer une réinterprétation permettant aux forces d’autodéfense (l’armée nippone) de participer à des opérations de défense collective sur des théâtres extérieurs. L’activisme diplomatique de Tokyo à la suite de l’agression de l’Ukraine par la Russie a été l’occasion de franchir une nouvelle étape dans l’engagement du Japon aux côtés de ses alliés. Cet activisme teinté d’une fermeté nouvelle face à la Chine a été favorablement accueilli par les Etats-Unis et par l’Union européenne, qui témoignent à l’allié japonais une confiance renouvelée.

L’annonce du renforcement des capacités militaires japonaises, qui aurait été perçue il y a quelques années comme alarmante, a été accueillie favorablement par ses partenaires, mais aussi par la majorité des Japonais inquiets de la possibilité d’une attaque chinoise de Taïwan, et des tensions créées par les démonstrations de force des marines russe et chinoise aux limites de ses eaux territoriales. En cas d’intervention des Etats-Unis en riposte à une agression sur Taïwan, Okinawa (sud du Japon) deviendrait une cible privilégiée en raison de la présence des bases militaires américaines. Et le Japon serait entraîné dans le conflit.

Identité propre

Bien que le pacifisme soit solidement ancré dans les mentalités, la majorité paraît aujourd’hui favorable au projet porté par le PLD visant à octroyer aux capacités de défense une enveloppe similaire (2 % du PIB) à celle de la plupart des pays de l’OTAN. Cet alignement du Japon sur la stratégie du camp occidental ne suscite guère de critiques ouvertes. Des voix se font néanmoins entendre pour souligner les risques que comporte cette participation active à une coopération visant à contenir la Chine, pour un Japon voisin à la fois de celle-ci, de la Corée du Nord et de la Russie.

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Source : Le Monde.fr

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