Hayao Miyazaki en novembre 2014, à Hollywood. Hayao Miyazaki en novembre 2014, à Hollywood.

Alors que Le Garçon et le héron, le douzième long-métrage du maître de l’animation japonais, Hayao Miyazaki, sort le 1er novembre, quarante-quatre ans après la diffusion sur les écrans japonais de son ­premier opus, Le Château de Cagliostro, il est frappant de constater que Le Monde a attendu le 3 juin 1993 pour évoquer le cinéaste.

L’envoyé spécial du quotidien au Festival international du film d’animation d’Annecy, Jean-Michel Frodon, mentionne le coup de projecteur sur un réalisateur ­japonais, « célébré dans son pays et méconnu ici, dont trois longs-métrages sont présentés à la curiosité des 4 000 professionnels et du nombreux public attendus ». Hayao Miyazaki a déjà signé des œuvres maîtresses comme Le Château dans le ciel (1986) ou Mon voisin Totoro (1988) qui n’ont pas encore été vues. Porco Rosso (1992), présenté en compétition recevra le prix du long-métrage.

Le Monde est-il pour autant hors délai ? En aucune façon. A défaut d’être en avance, il est même un peu moins en retard que d’autres. Aucun des films de Miyazaki n’avait encore été distribué en France. Faute d’être disponibles en salle, ils tenaient du secret et de la rumeur. Surtout, le cinéma asiatique commençait tout juste à se frayer un chemin en Occident. Dans les années qui ont suivi, les cinéastes de Hongkong, Taïwan ou de la Corée du Sud vont prendre une place prépondérante dans le paysage de la cinéphilie, en compagnie du Japonais.

Un géant et un phénomène

Lorsque Porco Rosso est enfin distribué en France, en 1995, Le Monde réserve à son auteur un accueil plutôt tiède. Dans l’édition du 23 juin, Jean-Michel Frodon reste mitigé : « Sortant d’un nuage d’éloges, Porco Rosso le cochon aviateur, animé et japonais, atterrit sur les écrans français. Le premier contact est plutôt décevant : le graphisme des personnages reste proche de la niaiserie niveleuse des dessins animés nippons et le scénario, qui met aux prises le héros porcin au monoplan écarlate et une bande d’affreux mal embouchés, paraît manipuler les mêmes sempiternelles recettes. »

En appui de la critique, le quotidien du soir propose un article de Brice Pedroletti, correspondant du quotidien basé à Tokyo, qui détaille les ressorts de l’animation japonaise : 2 000 titres par an à la télévision, une trentaine au cinéma, avec un géant, Miyazaki qui, en une quinzaine d’années, « a acquis la stature d’un auteur-réalisateur culte et collectionne les succès » et est devenu un phénomène.

Son long-métrage Porco Rosso est arrivé en tête du box-office japonais en 1992. En plus de son activité, raconte le correspondant, Hayao Miyazaki dirige, avec Isao Takahata, un autre réalisateur, les studios Ghibli, un nom alors inconnu de tous en Occident, et aujourd’hui beaucoup plus familier.

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Source : Le Monde.fr

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