Makoto Uchida, candidat poussé par Jean-Dominique Senard, le président de Renault, a été nommé directeur général du constructeur japonais.

Par Publié aujourd’hui à 17h43, mis à jour à 18h22

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Makoto Uchida nouveau directeur général de Nissan. Ici, le 16 avril à Shanghaï.
Makoto Uchida nouveau directeur général de Nissan. Ici, le 16 avril à Shanghaï. KYODO / REUTERS

Rapidité et unanimité. Le conseil d’administration de Nissan a pris de court les observateurs en nommant, dès ce mardi 8 octobre, le nouveau patron du constructeur japonais, alors qu’on n’attendait pas la décision avant la fin octobre. La réunion au sommet a donc été efficace, débouchant sur la nomination par consensus de Makoto Uchida (53 ans) en tant que directeur général de Nissan.

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M. Uchida sera flanqué d’Ashwani Gupta (un Indien de 49 ans passé par l’Alliance et par Renault), l’actuel directeur général délégué de Mitsubishi, qui devient directeur des opérations de Nissan, et de Jun Seki (58 ans), le responsable du redressement des performances de Nissan, lequel est nommé vice-directeur des opérations et placé sous l’autorité de M. Gupta. Ces nominations seront effectives d’ici le 1er janvier 2020 au plus tard, a précisé l’entreprise.

Une troisième direction en moins d’un an

La firme japonaise alliée de Renault se dote donc d’une troisième direction en moins d’un an, elle qui n’avait connu qu’un seul patron pendant presque vingt ans : Carlos Ghosn, arrêté pour malversations financières, à Tokyo le 19 novembre 2018. Son successeur, Hiroto Saikawa, nommé en pleine tourmente après la chute de son mentor, a été à son tour poussé à la démission début septembre pour avoir touché, lui aussi, des rémunérations indues.

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Les trois candidats encore en lice avant la séance du conseil ont été réunis dans une troïka dont le but premier est de remettre Nissan sur les rails de la croissance. La nouvelle équipe est cependant plutôt un duo. Seuls MM. Uchida et Gupta siégeront au conseil d’administration. La nouvelle équipe aura du pain sur la planche : le bénéfice a chuté de 95 % au premier semestre 2019, si on compare avec 2018 et la marge opérationnelle est à zéro.

Makoto Uchida, nouveau directeur général présente un profil atypique : il est diplômé de théologie et n’a rejoint le constructeur nippon qu’en 2003. Passé par RNPO, la structure de l’Alliance Renault-Nissan chargée de leurs achats communs, puis par Datsun, filiale de Renault en Corée-du-Sud, M. Uchida était, depuis 2016, le patron des activités chinoises de Nissan. La Chine est l’une des rares zones où le constructeur japonais s’en sort assez bien ces derniers mois. La marque y croit dans un marché pourtant en fort recul.

Un indéniable succès pour Jean-Dominique Senard

Cette nomination constitue un indéniable succès pour le président de Renault et de l’Alliance, Jean-Dominique Senard, qui est aussi vice-président du conseil d’administration de Nissan. Il a réussi à placer à la barre de Nissan ses deux candidats favoris, qui étaient perçus comme des outsiders par les Japonais. Ces derniers avaient plutôt misé sur Jun Seki ou sur l’actuel PDG par intérim Yasuhiro Yamauchi.

« C’est un rêve que j’avais fait et qui se réalise : celui d’arriver à cet accord unanime qui va, j’en suis convaincu, conduire au redressement rapide de Nissan dans le cadre de l’Alliance, a déclaré M. Senard au Monde. On va tourner une page considérable avec deux managers jeunes, très internationaux, très tournés vers l’Alliance, et qui proposent une vision séduisante de la direction d’entreprise. C’est aussi un immense soulagement, alors que ma crédibilité avait été mise en cause dans ma relation avec nos partenaires japonais. La preuve est faite que nous avons su nouer des liens de confiance. »

Peu de choses par ailleurs ont filtré sur l’autre dossier au menu du conseil d’administration : le fait que des cadres de Nissan encore en place auraient, comme MM. Saikawa et Ghosn, touché des rémunérations indues. Le directeur juridique, Hari Nada, personnage controversé et l’un des accusateurs de M. Ghosn après avoir été l’un de ses hommes de confiance, était en particulier sur la sellette. Une source proche du conseil d’administration a confirmé au Monde une information des Echos : M. Nada n’est désormais plus chargé des affaires légales et de la gouvernance chez Nissan et rattaché provisoirement au PDG par intérim, M. Yamauchi.

Source : Le Monde.fr

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