Le différend entre les deux pays porte sur des questions commerciales, mais également sur des questions mémorielles, en lien avec la douloureuse colonisation de la péninsule coréenne par le Japon de 1910 à 1945.

Par Publié aujourd’hui à 10h05

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L’immolation par le feu, vendredi 19 juillet, d’un sexagénaire sud-coréen devant l’ambassade du Japon à Séoul a ajouté une touche tragique à la querelle diplomatique et commerciale entre la Corée du Sud et le Japon.

L’antagonisme entre les deux grandes démocraties d’une région qui n’en comptent guère, toutes deux alliées des Etats-Unis – engagés eux-mêmes dans une guerre commerciale avec la Chine –, est un facteur supplémentaire de tensions dans cette partie du monde. Washington semble s’en inquiéter : le président Donald Trump s’est déclaré, vendredi, prêt jouer les médiateurs si Séoul et Tokyo avaient besoin de son aide.

Une manifestation contre les produits japonais, le 17 juillet, à Séoul, en Corée du Sud.
Une manifestation contre les produits japonais, le 17 juillet, à Séoul, en Corée du Sud. JUNG YEON-JE / AFP

Le différend porte en surface sur des questions commerciales. Le Japon a restreint ses exportations de composants chimiques utilisés dans la fabrication des écrans des smartphones par les géants de l’électronique sud-coréens faisant valoir une « perte de confiance » en leurs partenaires en raison de la gestion jugée problématique de ces matériaux sensibles. Séoul veut porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Travail forcé

Quelle que soit la validité des arguments de chaque partie, cette querelle commerciale a en toile de fond un antagonisme plus profond enraciné dans l’histoire de la colonisation de la péninsule coréenne par le Japon (1910-1945). Le ton mordant des échanges au niveau diplomatique ne fait qu’attiser des ressentiments dans les opinions publiques. En Corée du Sud, des célébrités annulent leur séjour au Japon et des commerçants annoncent boycotter les produits japonais qualifiés de produits « made by war criminals » (« fabriqués par des criminels de guerre »).

L’immolation par le feu du sexagénaire devant l’ambassade du Japon vient rappeler le caractère très émotionnel des relations entre les deux pays. Selon la presse sud-coréenne, le beau-père de celui-ci a été victime du travail forcé imposé du temps de la colonisation. Ce douloureux dossier du passé colonial a refait surface récemment : la Cour suprême sud-coréenne a ordonné aux entreprises japonaises concernées de dédommager les familles des Coréens contraints au travail forcé.

Périodiquement, les dirigeants sud-coréens fustigent le Japon de ne pas s’être suffisamment excusé.

Irrité, Tokyo fait valoir que cette question a été réglée avec le traité de normalisation des relations entre les deux pays en 1965. Séoul rétorque qu’à l’époque, la Corée du Sud était sous une dictature militaire et que les victimes n’ont reçu aucune compensation. La Cour a fait saisir des biens de Mitsubushi Heavy Industries (l’une des entreprises impliquées). Mesure qualifiée d’« acte de guerre économique » par Tokyo.

Source : Le Monde.fr

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