La diplomate japonaise a dirigé l’institution onusienne de 1991 à 2000. Elle a géré plusieurs crises humanitaires majeures en ex-Yougoslavie, au Rwanda ou encore l’exode vers l’Iran et la Turquie de 2,2 millions de Kurdes d’Irak. Elle est morte le 22 octobre, à l’âge de 92 ans.

Par Publié aujourd’hui à 14h18

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La diplomate japonaise et ancienne haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Sadako Ogata, à Bonn (Allemagne), en février 1999.
La diplomate japonaise et ancienne haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Sadako Ogata, à Bonn (Allemagne), en février 1999. Michael Urban / REUTERS

Première femme à diriger, de 1991 à 2000, le haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Sadako Ogata est morte le 22 octobre, à Tokyo, à l’âge de 92 ans. « Un exemple pour le monde dans le domaine humanitaire », a souligné le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Née le 16 septembre 1927 à Tokyo, celle qui s’appelait alors Sadako Nakamura est issue par sa mère d’une lignée de figures de la politique et de la diplomatie nippones. Son arrière-grand-père était le premier ministre, Tsuyoshi Inukai (1855-1932), assassiné lors d’une tentative de coup d’Etat. Son grand-père était le ministre des affaires étrangères, Kenkichi Yoshizawa (1874-1965) et son père, le diplomate Toyoichi Nakamura.

Elle a passé les premières années de sa vie à l’étranger, en Finlande, aux Etats-Unis, ou encore en Chine. Diplômée de l’université du Sacré-Cœur de Tokyo, elle étudie ensuite aux Etats-Unis, sur le conseil de son père, à l’université de Georgetown et à celle de Berkeley, où elle décroche un doctorat en politique internationale. Son premier livre est consacré à la diplomatie japonaise en Chine dans les années 1930.

Décennie tumultueuse

Enseignante à l’université, mariée en 1960 à un fonctionnaire de la Banque du Japon, Shijuro Ogata (1927-2014), et mère de deux enfants, elle est nommée conseillère du Japon à l’ONU en 1968. En marge de sa carrière académique qui l’amène à être professeure à l’université catholique japonaise Sophia, dont elle a dirigé l’institut des relations internationales, elle s’investit dans les activités onusiennes.

En 1976, elle devient la première femme à occuper un poste d’envoyé du Japon auprès des Nations unies. Elle représente ensuite l’archipel au sein de la Commission des droits de l’homme de l’organisation. En 1991, elle remplace le Norvégien Thorvald Stoltenberg (1931-2018) à la tête du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

Elle ne devait y rester que trois ans, elle y a œuvré jusqu’en 2000, traversant une décennie tumultueuse, marquée par de multiples crises humanitaires : ex-URSS, ex-Yougoslavie ou encore génocide rwandais. « Le HCR fonctionnait à l’époque comme une brigade de pompiers intervenant sur tous les continents », écrit-elle dans The Turbulent Decade : Confronting the Refugee Crises Of the 1990s (W. W. Norton, 2005, non traduit).

Dès son entrée en fonctions, elle doit faire face à l’exode vers l’Iran et la Turquie de 2,2 millions de Kurdes fuyant la répression irakienne après la première guerre du Golfe. Le refus d’Ankara d’ouvrir sa frontière l’incite à ajouter à la notion de réfugiés celle de déplacés, les personnes réfugiées dans leur propre pays.

Source : Le Monde.fr

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