Les enquêteurs de police sont venus chercher Nicolas Zepeda (à l’arrière de la voiture, à droite) à son domicile, à Viña del Mar, au Chili, le 22 juillet 2020, la veille de son extradition vers la France.

Le Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné d’avoir assassiné son ex-petite amie japonaise en France en 2016, doit être extradé vers Paris, jeudi 23 juillet. Une extradition qui ouvre la voie à sa mise en examen et à un éventuel procès dans cette affaire retentissante.

Cette procédure relance un feuilleton judiciaire qui tient en haleine les médias japonais depuis plus de trois ans et demi, contrastant avec la relative indifférence des Chiliens pour ce dossier. « L’affaire Zepeda est de nature pénale et est liée à la violence faite aux femmes. Ce n’est pas un procès qui soit lié avec la politique ou qui compromette les relations entre le Chili et la France », selon René Jara, professeur à l’université de Santiago.

Mercredi soir, la police chilienne est venue chercher Nicolas Zepeda à son domicile, dans un immeuble cossu de la station balnéaire de Viña del Mar, à quelque 120 km de la capitale. Il a ensuite été transféré à l’aéroport de Santiago du Chili. L’unique suspect du meurtre de Narumi Kurosaki, assigné à résidence pour « éviter un possible danger de fuite », selon la justice chilienne, doit être remis officiellement à des agents français du service national des transferts avant d’embarquer sur un vol Air France pour une arrivée prévue à l’aéroport Paris – Charles-de-Gaulle vendredi matin à 10 h 55, heure française.

Nicolas Zepeda, 29 ans, se verra notifier l’exécution du mandat d’arrêt international émis à son encontre à son arrivée à Roissy, selon une source proche de l’enquête. Les enquêteurs l’emmèneront ensuite à Besançon, où il sera interrogé par la juge d’instruction chargée du dossier, en vue d’une éventuelle mise en examen. Il doit ensuite être présenté à un juge des libertés et de la détention qui se prononcera sur son placement en détention provisoire.

Corps introuvable

Narumi Kurosaki, une étudiante de 21 ans, vivait sur le campus universitaire de Besançon où elle a été vue pour la dernière fois le 4 décembre 2016. Nicolas Zepeda, fils d’une riche famille chilienne, était son ancien petit ami. Selon l’enquête, peu avant la disparition de Narumi, les deux jeunes gens avaient pris leurs distances et l’étudiante japonaise avait commencé une nouvelle relation, suscitant la jalousie du Chilien, qui se trouvait alors dans son pays.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Elle voulait vivre pour elle » : la rupture, premier déclencheur du passage à l’acte des féminicides

Le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, s’était rendu en avril 2019 au Chili avec un magistrat instructeur et deux enquêteurs. Sept mois plus tard, il avait annoncé que l’enquête était « close » et que les « trente-quatre mois d’investigations » justifiaient « la demande d’extradition de Nicolas Zepeda pour qu’il comparaisse devant la cour d’assises de Besançon pour l’assassinat de Narumi Kurosaki ».

D’après les enquêteurs, Nicolas Zepeda s’était rendu début décembre 2016 dans cette ville pour y voir la jeune femme. Le soir du 4 décembre, la veille de sa disparition, ils étaient rentrés ensemble dans le logement de Narumi. Cette nuit-là, selon le procureur, plusieurs étudiants ont entendu « des hurlements de terreur, des cris », mais « personne n’a prévenu la police ».

Nicolas Zepeda avait rencontré l’étudiante au Japon en 2014. D’après la géolocalisation de sa voiture de location, le 6 décembre 2016 à l’aube, le suspect s’était rendu dans une zone boisée du massif montagneux du Jura, où les enquêteurs pensent qu’il s’est débarrassé du corps. Quelques jours plus tôt, il avait acheté des allumettes et un bidon de produit inflammable, selon l’enquête. Malgré d’importantes recherches, le corps n’a jamais été retrouvé.

Dans un courrier envoyé par le suspect aux autorités chiliennes, Nicolas Zepeda avait raconté être allé voir Narumi à Besançon début décembre 2016 et qu’ils s’étaient alors « rendu compte qu’ils étaient toujours amoureux ». Il disait avoir passé une partie de la nuit du 4 au 5 décembre avec elle, mais affirmait être ensuite reparti seul.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Féminicides : des meurtriers dominateurs, loin du « coup de folie »

Le Monde avec AFP

Source : Le Monde.fr

Partagez !

Laisser un commentaire