Le ministre de l’économie et de l’industrie japonais, Hiroshi Kajiyama (à droite) et le premier ministre, Yoshihide Suga, à Hanoi, le 15 novembre, lors de la signature du partenariat économique régional global.

Présentée comme une victoire pour la Chine, la conclusion du partenariat économique régional global (Regional comprehensive Economic Partnership ; RCEP) sonne également comme un succès du Japon. L’accord de libre-échange, signé le 15 novembre par les dix pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), la Chine, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Archipel, représente une étape importante de la politique commerciale de Tokyo.

Vu du Japon, le RCEP, dont les membres captent 46 % de ses exportations, établit une première structure d’échanges libéralisés avec la Chine et la Corée du Sud, ses premier et troisième partenaires commerciaux. Il s’ajoute au partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), autre zone de libre-échange établie en 2018 avec dix pays riverains du Pacifique, mais sans les Etats-Unis, le président Trump ayant décidé de ne pas y participer.

Le RCEP reste d’ambition limitée, puisqu’il prévoit, à terme, de ne supprimer qu’un maximum de 91,5 % des droits de douane sur les exportations industrielles japonaises – contre 100 % dans le PTPGP –, mais il établit des règles sur le commerce électronique, la propriété intellectuelle ou encore l’origine géographique.

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« La signature est extrêmement importante pour la réalisation d’un ordre économique international libre et ouvert », a réagi Hiroaki Nakanishi, président de la principale confédération patronale nippone, le Keidanren.

« Triomphe de la diplomatie de puissance moyenne »

Autre avantage pour Tokyo, le RCEP n’est pas un cadre inféodé à Pékin. Comme le rappelle Peter A. Petri, du centre John L. Thornton sur la Chine, et Michael Plummer, de l’université Johns-Hopkins, « le RCEP, souvent désigné à tort comme “dirigé par la Chine”, est un triomphe de la diplomatie de puissance moyenne de l’Asean. Ni la Chine ni le Japon, les premières économies de la région, n’étaient politiquement acceptables comme architectes du projet ».

Tokyo, comme Pékin, a néanmoins toujours appuyé le processus. Le Japon s’implique économiquement en Asie du Sud-Est depuis les années 1960. En 1977, avec la « doctrine Fukuda », l’Archipel est sorti du simple cadre économique pour améliorer une image ternie par le souvenir de l’occupation par ses forces pendant la seconde guerre mondiale.

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Les années 2000 ont été marquées par la rivalité croissante avec la Chine. En novembre 2001, la Chine a proposé à l’Asean de conclure en dix ans un accord de libre-échange.

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Source : Le Monde.fr

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