Le premier ministre japonais, Shinzo Abe (à droite), pose une gerbe de fleurs lors des cérémonies marquant la fin de la deuxième guerre mondiale, samedi 15 août 2020 à Tokyo.

C’est sur fond de relations profondément dégradées que le Japon et la Corée du Sud ont commémoré, samedi 15 août, le 75e anniversaire, pour l’un de la fin de la deuxième guerre mondiale, pour l’autre de la fin de la colonisation nippone (1910-1945).

La pandémie de Covid-19 a obligé les deux pays à réduire l’ampleur des cérémonies et occulté quelque peu le double événement au cours duquel aucune réelle avancée n’a été observée. Connu pour ses convictions révisionnistes sur le passé militariste nippon, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, ne s’est pas montré plus repentant que les années passées. Lors de la traditionnelle cérémonie organisée en présence de l’empereur, Naruhito, il a promis de « ne jamais répéter la tragédie de la guerre » et de « jouer un rôle accru pour affronter les défis auquel le monde fait face ».

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« Le Japon a présenté ses excuses et ses remords à plusieurs reprises dans le passé », souligne Akiko Fukushima, de la Fondation de Tokyo de recherche politique, un centre d’analyses proche des milieux nationalistes.

M. Abe n’est pas allé au sanctuaire Yasukuni, symbole nationaliste abritant les âmes de quatorze criminels de guerre. Il y a toutefois fait déposer une offrande et plusieurs de ses ministres s’y sont rendus, au risque de mécontenter Séoul et Pékin.

Dénonciation de l’accord bilatéral de 2015

Depuis le très futuriste Dongdaemun Design Plaza de Séoul, le président sud-coréen, Moon Jae-in, a profité des célébrations du « jour de libération nationale » pour rappeler que la Corée du Sud était prête à discuter avec le Japon du contentieux sur les dédommagements des victimes de la période coloniale. M. Moon veut « s’efforcer, avec le Japon, de maintenir les valeurs universelles d’humanité et les principes du droit international ».

Le discours du président progressiste confirme un positionnement adopté depuis son élection en 2017, notamment par sa dénonciation de l’accord bilatéral signé en 2015, devant mettre fin « complètement et définitivement » à la question des femmes dites « de réconfort » – euphémisme qualifiant les femmes forcées de se prostituer pour l’armée impériale nippone. La dénonciation a été suivie en 2018 de la condamnation, par la justice sud-coréenne, d’entreprises japonaises à dédommager des Coréens victimes de travail forcé pendant la période coloniale.

Un dossier loin d’être clos puisque, le 7 août, le sidérurgiste japonais, Nippon Steel, a fait appel de la saisie de ses actifs – 81 000 actions d’une coentreprise créée avec le sidérurgiste Posco – décidée par le tribunal de Pohang (Sud-ouest de la Corée du Sud) pour financer ces dédommagements.

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Source : Le Monde.fr

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