La première visite d’un président chinois en Corée du Nord depuis quatorze ans doit montrer le rôle incontournable de Pékin auprès de son voisin.

Par et Publié aujourd’hui à 12h38

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Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (à gauche) et le président chinois Xi Jinping lors d’une rencontre le 19 juin 2018 à pékin.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (à gauche) et le président chinois Xi Jinping lors d’une rencontre le 19 juin 2018 à pékin. Ju Peng / AP

A la veille du sommet du G20, à Osaka, et en pleine guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, la visite des 20 et 21 juin du président Xi Jinping en République populaire démocratique de Corée (RPDC) prend une signification qui dépasse les simples relations bilatérales entre les deux pays. En « visite d’Etat » – ce qui est rare en RPDC –, M. Xi donne à sa présence à Pyongyang un caractère solennel, prenant le monde à témoin de son soutien à la Corée du Nord. Il rappelle aussi implicitement à Washington et à Moscou que la péninsule fait partie du « pré carré » chinois.

Pékin entend donner « un nouvel élan aux relations » avec les deux pays et contribuer à une « stabilisation durable » de l’Asie orientale : dans un message personnel, publié mercredi par l’organe du Parti du travail de Corée, Rodong Sinmun, M. Xi souligne la volonté de la Chine de contribuer à « renforcer les échanges et la coordination entre la Corée du Nord et les parties intéressées afin de faire progresser les pourparlers sur la péninsule coréenne ».

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Cette visite, la première depuis quatorze ans d’un chef de l’Etat chinois à Pyongyang, était certes attendue après les quatre visites du dirigeant Kim Jong-un à Pékin au cours des deux dernières années. Elle confirme que la Chine est un acteur incontournable dans tout règlement de la question nucléaire nord-coréenne, mais aussi que la RPDC est plus que jamais l’un des enjeux de l’antagonisme entre Pékin et Washington.

Force de stabilisation

Alors que les pourparlers entre les Etats-Unis et la RPDC sont au point mort depuis le fiasco du sommet de Hanoï en février, la Chine entend apparaître comme une force de stabilisation dans la péninsule en démontrant qu’elle peut avoir des capacités de médiation, mais aussi de nuisance : si Donald Trump souhaite mettre à son actif un succès diplomatique avec une Corée du Nord qui campe sur ses positions, il doit faire preuve de souplesse avec la Chine en matière commerciale pour que celle-ci incite Pyongyang à faire des concessions.

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Pékin rappelle implicitement que la tactique de « pression maximum » sur la RPDC poursuivie par les Etats-Unis et leurs alliés ne peut fonctionner que si la Chine y participe pleinement. Ce qui n’est pas entièrement le cas – comme l’illustrent les opérations, en mer, de transbordement de pétrole d’un navire à l’autre. Surtout, « Xi Jinping veut exprimer son mécontentement envers les Etats-Unis : la guerre commerciale le préoccupe beaucoup plus que le manque de progrès dans les pourparlers en vue de la dénucléarisation », estime Théo Clément, chercheur associé au King’s College de Londres.

Source : Le Monde.fr

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