Un portrait de Carlos Ghosn affiché sur un panneau publicitaire de Beyrouth, en soutien à l’ancien PDG de Renault-Nissan, le 6 décembre 2018.
Un portrait de Carlos Ghosn affiché sur un panneau publicitaire de Beyrouth, en soutien à l’ancien PDG de Renault-Nissan, le 6 décembre 2018. JOSEPH EID / AFP

Lassé d’être ce qu’il appelle, mardi matin 31 décembre, dans un court communiqué, « l’otage d’un système judiciaire japonais partial » dans lequel les « droits de l’homme basiques sont déniés », Carlos Ghosn a choisi de fuir. D’après le quotidien libanais Al Joumhouria, qui a le premier relayé l’information, l’ancien dirigeant de l’alliance Renault-Nissan a quitté le Japon où il était assigné à résidence et a atterri lundi 30 décembre au matin à Beyrouth à bord d’un avion privé en provenance de Turquie. Il l’a confirmé officiellement mardi : « Je suis maintenant au Liban. »

Il y aurait retrouvé son épouse, Carole, et logerait dans une maison protégée par plusieurs gardes. Il pourrait donner une conférence de presse prochainement dans laquelle il devrait attaquer le Japon et les accusations portées contre lui. « Je n’ai pas fui la justice – je me suis libéré de l’injustice et de la persécution politique. Je peux enfin maintenant communiquer librement avec les médias et je suis impatient de commencer la semaine prochaine », explique-t-il dans le texte diffusé.

Comment est-il parti ? Selon une source citée par la chaîne publique japonaise NHK, il pourrait avoir quitté le pays sous une fausse identité. Une vérification des données des services d’immigration montre qu’il n’y a eu aucune sortie du territoire sous le nom de Carlos Ghosn.

« Je n’en sais rien », disent ses avocats interrogés par la NHK. Même réaction du côté des procureurs chargés de l’enquête le concernant et du ministère de la justice, qui « cherchent à confirmer l’information ».

Nationalités française, brésilienne et libanaise

L’homme d’affaires arrêté en novembre 2018 et mis en examen à quatre reprises pour des malversations financières, était assigné à résidence depuis sa libération sous caution, le 24 avril, après un total de 130 jours de garde à vue. Les conditions de sa résidence lui interdisaient de voyager à l’étranger. Il n’avait pas non plus le droit de voir ou de communiquer avec son épouse. Le parquet avait refusé à plusieurs reprises tout assouplissement.

Carlos Ghosn logeait dans une maison du quartier chic de Hiroo, dans le centre de Tokyo. Il semble que la surveillance n’était pas des plus strictes même si elle était assurée par la police, le bureau des procureurs et, à titre privé, par Nissan. Ses filles lui rendaient régulièrement visite.

Le choix du Liban n’est pas anodin. Fils d’immigrés libanais au Brésil, M. Ghosn en détient la nationalité, tout comme celles du Brésil et de la France. Si, aujourd’hui, ses soutiens à Beyrouth sont nuancés, en raison de la mauvaise image qu’il peut donner du pays, il a longtemps bénéficié d’un appui inconditionnel. Son succès dans le redressement du constructeur japonais Nissan en avait fait un héros. Un timbre à son effigie avait été émis.

Source : Le Monde.fr

Partagez !

Laisser un commentaire