Hideyuki Teshigawara, un des responsables de l’Eglise de la réunification, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 22 septembre 2022. Hideyuki Teshigawara, un des responsables de l’Eglise de la réunification, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 22 septembre 2022.

Elu à cinq reprises au conseil général sous l’étiquette du Parti libéral démocrate (PLD au pouvoir), Hidemitsu Ito est une figure politique du département de Gifu (centre du Japon). Le septuagénaire, ancien ingénieur et président de la petite entreprise Ito Haikan, affirme aujourd’hui qu’il ignorait avoir bénéficié du soutien de l’Eglise de l’unification, qui depuis dix ans l’aurait aidé à son insu à remporter plusieurs scrutins. La chose peut sembler improbable mais le problème de cette influence concerne un nombre important d’élus. La secte Moon a fini par devenir un pouvoir de l’ombre au sein de la vie politique japonaise.

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Egalement connu comme la « Fédération des familles pour la paix mondiale et l’unification », ou secte Moon, le mouvement est au cœur de l’enquête sur l’assassinat le 8 juillet 2022 de l’ancien premier ministre Shinzo Abe. Son meurtrier, Tetsuya Yamagami, aurait agi pour venger sa famille, ruinée par la secte par des dons consentis par sa mère. Il avait établi que M. Abe avait des liens étroits avec l’organisation religieuse créée en 1954 en Corée du Sud par Sun-myung Moon (1920-2012). Le meurtrier a été mis en examen vendredi 13 janvier.

Dans l’attente de son procès, il peine à susciter l’hostilité dans un Japon sonné par les révélations sur les liens entre la secte et le monde politique, au point d’être qualifié de « héros noir » par le journaliste romancier Akira Tachibana.

« Les deux parties s’utilisaient »

Selon une enquête réalisée en août et septembre 2022 par le quotidien Asahi, 150 parlementaires, sept gouverneurs sur 47, et 290 élus des conseils généraux (plus de 10 % du total) ont admis des liens avec la secte. Quatre-vingts pour cent sont membres du PLD.

Pour Hidemitsu Ito, la relation avec la secte Moon trouve son origine dans la visite à sa permanence d’une femme venue il y a dix ans pour critiquer l’éducation sexuelle dispensée dans les écoles qui, selon elle, allait « trop loin ». Elle prêchait un convaincu. La question se trouve au cœur des idées politiques du très conservateur PLD depuis une vingtaine d’années. Or cette femme appartenait à la branche japonaise de la Fédération des femmes pour la paix mondiale (WFWP). Elle a convié M. Ito à des événements organisés par cette structure liée à la secte Moon. « Je ne m’inquiétais pas car l’organisation est reconnue par les Nations unies. Leurs activités étaient bien intentionnées. »

Selon une enquête du quotidien « Asahi », plus de 10 % des élus du PLD ont admis des liens avec la secte

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Source : Le Monde.fr

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