L’humoriste nippon Hitoshi Matsumoto, en 2013. L’humoriste nippon Hitoshi Matsumoto, en 2013.

Présentateur d’un nombre incalculable de programmes de télévision ­japonais, moitié du célèbre duo comique Downtown ou encore père du format « LOL : qui rit sort », émission humoristique rachetée par Amazon Prime Video et adaptée dans une dizaine de pays, dont la France… Hitoshi Matsumoto est assurément l’homme le plus drôle du Japon. Du moins, il l’était. Car, depuis le 26 décembre 2023, le comédien de 60 ans n’amuse plus grand monde. Le Bunshun, un tabloïd japonais mêlant ­investigation et presse people, publie alors une enquête explosive, « Une nuit de ­terreur avec Hitoshi Matsumoto », consacrée à une soirée VIP de l’hiver 2015 durant laquelle « Matchan » aurait agressé sexuellement une femme.

Relayée par les sites d’information et les réseaux sociaux, l’information est un coup de théâtre. Car, plus qu’un simple comique, Hitoshi Matsumoto est la grande star de l’humour nippon. « En rentrant du travail, si tu allumes ta télévision, tu es certain de tomber sur lui », assure Kazu, jeune Tokyoïte d’une trentaine d’années qui n’a pas souhaité donner son nom. La cinquantaine, son ami Sugure abonde. « Quand j’étais à l’université, il y a trente ans, nous le regardions déjà tous avec mes camarades. Il a fait beaucoup d’émissions depuis le début de sa carrière et il est toujours resté le plus drôle. »

En décembre 2023, alors que les journalistes du Bunshun ajustent les derniers détails de leur article, Hitoshi Matsumoto présente encore sept émissions sur des chaînes concurrentes d’Amazon Prime Video, multiplie les interventions médiatiques et couve la jeune génération d’humoristes en tant que jury du M-1 Grand Prix, la plus importante compétition de manzai du pays. « C’est le grand parrain de la comédie au Japon, celui qui décrète ce qui est drôle et ce qui ne l’est pas », explique Shawn De Haven, chercheur basé à Tokyo ­spécialiste de l’­humour japonais.

Orgueilleux, le comique ne prend pas tout de suite l’affaire au sérieux. Deux jours après la publication de l’enquête, il ironise même sur son compte X en arguant qu’elle repousse ses envies naissantes de retraite, tandis que des dizaines de milliers de commentaires le soutiennent et tournent l’article en dérision. Mais le Bunshun n’a pas terminé son œuvre. Les articles et les témoignages de victimes anonymes s’enchaînent, mettant au jour un système d’emprise dépassant la seule soirée de 2015.

Champion d’une agence toute-puissante

Depuis vingt ans, l’humoriste réclamerait à nombre de ses collaborateurs comédiens de lui rabattre des profils de femmes bien particuliers (employée de banque, bibliothécaire, serveuse…), pour ensuite les harceler sexuellement, voire les violer. Le scandale prend de l’ampleur et les noms de comiques impliqués se multiplient. Si la justice n’a pas encore été saisie, Hitoshi Matsumoto, lui, porte plainte pour diffamation et, le 8 janvier 2024, se retire de toutes ses émissions pour préparer son procès contre le Bunshun.

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Source : Le Monde.fr

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