LETTRE DE TOKYO

Eita Sato, Aoi Hoshi, et les membres de leur famille quittent le collège Yumoto, après la cérémonie de remise de diplôme et de fermeture de l’établissement, dans le village de Ten-ei, préfecture de Fukushima (Japon), le 13 mars 2023. Eita Sato, Aoi Hoshi, et les membres de leur famille quittent le collège Yumoto, après la cérémonie de remise de diplôme et de fermeture de l’établissement, dans le village de Ten-ei, préfecture de Fukushima (Japon), le 13 mars 2023.

C’est la rentrée scolaire au Japon. Comme tous les mois d’avril, élèves et étudiants commencent une nouvelle année sous les cerisiers en fleurs. Festive, la période est toutefois assombrie par le triste bilan des fermetures d’écoles dues à la dépopulation et les questions sur l’avenir de ces établissements. Ainsi, le Japon s’est ému de la fin du collège Yumoto, à Tenei, dans le département de Fukushima (nord-est). Les deux derniers élèves, Eita Sato et Aoi Hoshi, y ont terminé fin mars leurs trois années d’études – et non quatre, comme en France. « Il y avait des rumeurs de fermeture dès la deuxième année mais je n’arrivais pas à y croire », a déclaré Eita Sato. « J’ai intégré le collège en me doutant qu’il pouvait fermer, mais j’en garde quand même des souvenirs plus merveilleux que je ne l’aurais cru », a ajouté Aoi Hoshi.

Quand Eita Sato et Aoi Hoshi sont entrés au collège Yumoto, l’établissement comptait cinq élèves. Ses services, transport scolaire, cantine et activités de club, ont fonctionné jusqu’à leur départ. En février, les deux élèves ont composé une chanson, Je n’oublierai jamais, avec l’aide de Yoshiyuki Fujii, du groupe Onso9Line et natif du département. Les paroles s’inspirent des souvenirs de leur scolarité. Lors de la cérémonie de remise des diplômes, le 14 mars, le directeur, Mikio Watanabe, a rendu le drapeau de l’école au maire du village, Katsuyuki Soeta.

L’établissement datait de 1947. Il a vu passer 1 572 collégiens de Tenei, petite municipalité rurale connue pour son riz et son saké, mais aussi pour ses sources thermales, ses campings et ses pistes de ski. Après avoir connu un pic à 10 000 habitants dans les années 1950, le village, quelque peu isolé, a vu sa population partir pour des horizons plus urbains. Le dépeuplement s’est accéléré après la catastrophe de mars 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située à moins de 100 km de là. Une partie du territoire de la commune a connu des retombées radioactives. Aujourd’hui, la population de Tenei ne dépasse pas les 5 300 âmes.

Une « tristesse indescriptible »

L’émoi suscité dans l’Archipel par la fermeture du collège Yumoto ne saurait faire oublier les autres, moins médiatisées. Le département de Fukushima a ainsi vu la fin du collège Ono d’Iwaki, qui ne comptait plus que trois élèves. D’après les chiffres du ministère de l’éducation, 450 écoles ferment chaque année en moyenne au Japon. Entre 2002 et 2020, près de 9 000 ont définitivement fermé leurs portes. Il reste dans l’Archipel près de 34 000 écoles primaires, collèges et lycées.

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Source : Le Monde.fr

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