Une élue japonaise exclue pour avoir dénoncé une agression sexuelle

Lors d’une manifestation du mouvement féministe « Flower Demo », en 2019. Lors d’une manifestation du mouvement féministe « Flower Demo », en 2019.

L’affaire d’agression agitant Kusatsu illustre la négligence du Japon dans le traitement des crimes sexuels. Vendredi 11 décembre, des militantes du mouvement Flower Demo de lutte contre les violences sexuelles ont fait le déplacement jusqu’à la commune de 6 200 habitants du département de Gunma, célèbre pour ses sources d’eaux chaudes, à 150 km au nord-ouest de Tokyo, pour dénoncer les « abus de pouvoir » et le « harcèlement sexuel » du maire, Nobutada Kuroiwa. Elles ont aussi exprimé leur soutien à Shoko Arai, exclue du conseil municipal pour avoir accusé l’édile d’agression sexuelle.

L’exclusion a été décidée lors d’un référendum le 6 décembre. Quatre-vingt-dix pour cent des votants ont appuyé le renvoi de la conseillère municipale, au terme d’une campagne menée à grand renfort d’affiches et de distribution de tracts accusant Mme Arai de « nuire à l’image de la ville ».

Unique femme membre du conseil, Shoko Arai, 51 ans, a promis de poursuivre ses activités politiques et a lancé une pétition pour « un renouveau démocratique à Kusatsu » – 15 100 personnes l’avaient signée le 12 décembre.

Un référendum au résultat joué d’avance

Dans un texte publié en novembre 2019, Mme Arai accusait le maire de l’avoir agressée sexuellement dans son bureau, en 2015. M. Kuroiwa, 73 ans, « m’a soudainement attirée vers lui, m’a embrassée et plaquée au sol », écrit-elle, ajoutant qu’elle « ne pouvait pas le repousser ».

Nobutada Kuroiwa a immédiatement contesté, affirmant que la porte et les rideaux de son bureau étaient ouverts le jour dit. Il a porté plainte pour diffamation et organisé en décembre 2019 un vote du conseil municipal pour exclure Mme Arai, qui aurait « porté atteinte à la réputation du maire » et « à la dignité du conseil ». Il a obtenu la démission du seul élu soutenant Mme Arai.

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Saisi par cette dernière, le conseil du département de Gunma a jugé illégale la procédure d’exclusion, et l’élue a retrouvé son poste. D’où le référendum au résultat joué d’avance, selon Mme Arai. « C’est une initiative dictatoriale, non seulement parce que le maire et les conseillers sont à la baguette, mais aussi parce que la plupart d’entre eux sont des dirigeants d’entreprises locales, des hôteliers et des employeurs, ce qui signifie que les habitants sont doublement sous pression », écrit-elle dans le communiqué accompagnant la pétition.

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Source : Le Monde.fr

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