Au Japon, les milieux d’affaires et universitaires s’inquiètent de la stricte fermeture des frontières

A Tokyo, le 11 janvier 2022.

Voulons-nous isoler le Japon du reste du monde ? » L’inquiétude souligne dans les propos formulés mercredi 12 janvier sur son compte LinkedIn par Hiroshi Mikitani, président du géant japonais du commerce en ligne Rakuten. Un désarroi qui touche une partie des milieux d’affaires et universitaire nippons par rapport à la politique suivie par le premier ministre, Fumio Kishida, face au variant Omicron du Covid-19. M. Mikitani réagissait à l’annonce, la veille par M. Kishida, du prolongement jusqu’à la fin du mois de février de la fermeture des frontières, en place depuis le 30 novembre 2021, une mesure « similaire à la politique d’isolement de la période d’Edo », dixit l’homme d’affaires en référence à la situation du Japon entre 1603 et 1868.

Tokyo a fermé ses frontières dès le début de la pandémie en 2020. A l’exception d’une brève ouverture entre le 8 et le 30 novembre 2021 et d’assouplissements pour des événements comme les Jeux olympiques de Tokyo de l’été 2021, cette politique n’a pas varié. Outre les touristes, elle interdit l’entrée dans l’Archipel à tout étudiant ou professionnel étrangers, même s’il dispose d’un certificat d’éligibilité délivré par Tokyo.

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Seuls les Japonais et les étrangers ayant un statut de résident peuvent revenir d’un voyage hors du Japon, à condition d’observer une sévère quarantaine. Même les regroupements familiaux restent compliqués. « Du point de vue de la santé publique, il n’y a aucune raison de différencier le traitement des individus en fonction de leur nationalité », estime pourtant Isami Sawai, de la Société japonaise pour la promotion des sciences.

Quoi qu’il en soit, selon l’agence des services d’immigration, près de 150 000 étudiants et plus de 100 000 stagiaires et travailleurs étrangers attendent de pouvoir venir au Japon. Les conséquences sont lourdes pour des pans entiers de l’économie, comme le secteur médical ou l’agriculture, très dépendants de la main-d’œuvre étrangère. Celle-ci a été autorisée, depuis les années 1990, à venir pour répondre au déclin démographique qui s’accélère. L’Archipel dispose de cadres d’accueil de travailleurs non qualifiés ou de spécialistes, notamment de Chine et d’Asie du Sud-Est.

La peur de perdre des récoltes

« Au Japon, le nombre de travailleurs fait cruellement défaut », déplore Kazuhide Kumazawa, du groupe Kaikoukai Healthcare, qui gère des hôpitaux et des maisons de retraite dans le département d’Aichi (centre) et qui attend depuis des mois l’arrivée de stagiaires indonésiens.

L’inquiétude pointe aussi dans les universités dont les finances dépendent beaucoup des étudiants étrangers. La pandémie n’a jamais empêché les étudiants japonais de se rendre à l’étranger dans le cadre des programmes d’échanges internationaux. La réciproque n’est pas vraie. Le nombre d’étudiants étrangers au Japon a plongé à 7 078 au premier semestre 2021, en baisse de 90 % par rapport à avant le Covid-19.

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Source : Le Monde.fr

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