Devant le Parlement japonais, à Tokyo, le 27 septembre 2022. Devant le Parlement japonais, à Tokyo, le 27 septembre 2022.

D’importantes manifestations ont perturbé les impopulaires funérailles nationales organisées, mardi 27 septembre, en l’honneur de l’ancien premier ministre japonais Shinzo Abe, assassiné le 8 juillet par un homme l’ayant ciblé en raison de sa proximité avec la secte Moon.

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le Parlement pour protester contre ces funérailles – dont le coût est estimé à 1,7 milliard de yens, soit 12 millions d’euros – accordées à un dirigeant pourtant loin de faire l’unanimité. « Violations de la Constitution, scandales, révisionnisme historique, c’était ça, l’administration Abe », a tonné Shoichi Kondo, du Parti démocrate constitutionnel (PDC, opposition). Kazuo Shii, secrétaire général du Parti communiste japonais, s’en est pris aux « atteintes à la démocratie » du gouvernement de Fumio Kishida, qui a imposé cet hommage à la population. « Les politiques de Shinzo Abe ont exacerbé les inégalités », a déclaré un manifestant, tandis qu’un autre fustigeait « l’utilisation de l’argent de contribuables pour cela, alors que beaucoup de Japonais connaissent des difficultés ».

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La vigueur du rassemblement traduit le mécontentement exprimé depuis l’annonce des obsèques par M. Kishida, qui voulait rendre hommage au premier ministre ayant établi le record de longévité au pouvoir et saluer ses politiques économiques et diplomatiques. Très vite, les oppositions se sont manifestées, exacerbées par les révélations sur les liens anciens de la secte Moon avec la famille Abe et le Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir).

Calculs politiques

Les critiques ont aussi porté sur les calculs politiques derrière ces funérailles : M. Kishida voulait complaire à la frange la plus droitière du PLD, dont M. Abe était le champion. La cote de popularité du gouvernement a néanmoins chuté à 29 %, selon un sondage du quotidien de centre gauche Mainichi. Environ 60 % de la population s’opposait en effet aux funérailles et de multiples actions ont été menées pour obtenir leur annulation. Un homme s’est même immolé, le 21 septembre, près des bureaux du premier ministre, à Tokyo. Le mouvement s’est poursuivi, mardi, avec des rassemblements à Tokyo, ainsi qu’à Sendai (Nord-Est) ou encore à Kyoto (Ouest).

La cérémonie d’hommage à Shinzo Abe, au Nippon Budokan, dans le centre de Tokyo, le 27 septembre 2022. La cérémonie d’hommage à Shinzo Abe, au Nippon Budokan, dans le centre de Tokyo, le 27 septembre 2022.

De nombreuses personnes ont néanmoins participé à l’hommage national en l’honneur de l’ancien premier ministre. Dans tout le pays, les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics. La cérémonie principale s’est déroulée au Nippon Budokan, un centre d’arts martiaux dans le centre de Tokyo, en présence de 4 300 participants – 6 000 avaient été invités. Parmi eux, les proches de M. Abe, le prince héritier, Akishino, le premier ministre et des personnalités du monde des affaires. Une quarantaine de représentants d’Etats étrangers se sont aussi déplacés, dont la vice-présidente américaine, Kamala Harris, et le premier ministre indien, Narendra Modi.

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Source : Le Monde.fr

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