C’est le dernier rebondissement de l’affaire Carlos Ghosn. Le conseil d’administration du groupe au losange a acté le départ du directeur général du constructeur français. Clotilde Delbos, la directrice financière, assurera l’intérim, avant le recrutement d’un nouveau numéro deux.

Par Publié aujourd’hui à 09h55, mis à jour à 11h33

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Thierry Bolloré (à gauche), alors directeur général de Renault, et Jean-Dominique Senard, le président de Renault et PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, à Paris, le 24 septembre.
Thierry Bolloré (à gauche), alors directeur général de Renault, et Jean-Dominique Senard, le président de Renault et PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, à Paris, le 24 septembre. ÉRIC PIERMONT / AFP

Le grand chamboule-tout au sommet de Renault a bien eu lieu. C’est le dernier rebondissement de l’interminable affaire Ghosn. Vendredi 11 octobre, dans la matinée, le conseil d’administration du groupe au losange, convoqué en urgence, a révoqué avec effet immédiat Thierry Bolloré, son directeur général depuis janvier. Aucun administrateur n’a voté contre.

En attendant de trouver un successeur, la directrice financière de Renault, Clotilde Delbos (52 ans), a été nommée directrice générale par intérim. Passée de Constellium (ex-Pechiney) à Renault, en 2012, Mme Delbos est la patronne des finances du constructeur depuis 2016. La quête d’un nouveau directeur général en titre devrait être lancée dans la foulée. Le communiqué du conseil d’administration précise que Mme Delbos sera assistée par les patrons du commerce et de la production, respectivement Olivier Murguet et José-Vicente de los Mozos.

Le conseil a surtout reproché à son dirigeant opérationnel la médiocre performance financière du constructeur français en 2019. Entre janvier et juin, les bénéfices ont plongé de 50 % à 1 milliard d’euros. Surtout, Renault a brûlé 700 millions d’euros de trésorerie en six mois, en raison, arguait l’entreprise, d’une augmentation substantielle des investissements. Les premiers éléments financiers concernant le second semestre ne semblent pas conformes aux attentes, selon un bon connaisseur du dossier. Selon nos informations, le ton lors de la réunion était plutôt vindicatif envers M. Bolloré, certains administrateurs fustigeant, en plus du bilan économique, son management des hommes et des femmes du losange.

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Un « coup de force inquiétant »

La convocation d’un conseil d’administration pour examiner le cas Bolloré n’était cependant pas planifiée aussi rapidement. Selon nos informations, Jean-Dominique Senard, le président de Renault et PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, ainsi que l’Etat, actionnaire principal de Renault avec 15 % du capital, avaient prévu de patienter jusqu’au conseil du 18 octobre pour statuer sur le sort de son dirigeant. Le conseil était programmé de longue date pour éplucher les comptes définitifs du troisième trimestre. Mais, des fuites dans Le Figaro, mardi 8 octobre, sur l’intention d’évincer le no 2, ont précipité les événements.

M. Bolloré ne s’est pas rendu sans lutter. Dans un entretien surprise donné en dernière minute au quotidien Les Echos, dans la soirée du jeudi 10 octobre, il a défendu bec et ongles son bilan et dénoncé un « coup de force inquiétant ». « La brutalité et le caractère totalement inattendus de ce qui est en train de se passer sont stupéfiants, a-t-il déclaré. (…) Cela est d’autant plus inexplicable que Renault est l’un des très rares constructeurs automobiles à n’avoir pas fait de profit warning [“alerte sur les résultats”] en dépit du contexte de crise que nous traversons. »

Source : Le Monde.fr

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