Les électeurs japonais ont commencé à voter, dimanche 10 juillet, pour renouveler la moitié de la Chambre haute du Parlement. Mais ce scrutin s’ouvre dans un contexte particulièrement lourd après l’assassinat, deux jours plus tôt, de l’ancien premier ministre Shinzo Abe lors d’un meeting électoral à Nara (ouest du pays).

L’actuel premier ministre nippon Fumio Kishida, dont le Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) était donné largement favori dans les sondages, a dénoncé l’attaque « barbare » contre son ancien mentor, insistant sur l’importance de « défendre les élections libres et équitables, qui sont le fondement de la démocratie ». « Nous ne céderons jamais à la violence », a-t-il ajouté.

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L’assassinat par balles de M. Abe, l’un des hommes politiques les plus connus de l’archipel, a profondément meurtri et ému au Japon comme à l’étranger, et les messages de condoléances ont afflué du monde entier, y compris de Chine et de Corée du Sud, avec lesquelles le Japon entretient des relations souvent houleuses.

L’auteur présumé de l’attaque, arrêté sur les lieux, a avoué avoir délibérément visé M. Abe, expliquant à la police en vouloir à une organisation à laquelle il croyait que celui-ci était affilié. Certains médias japonais ont évoqué un groupe religieux. Cet homme de 41 ans nommé Tetsuya Yamagami serait un ancien membre de la Force d’autodéfense maritime (la marine japonaise), et a déclaré aux forces de l’ordre avoir utilisé une arme artisanale.

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La campagne brièvement suspendue

Après avoir été brièvement suspendue par les différents partis à la nouvelle de l’attaque de l’ancien premier ministre, la campagne électorale a repris samedi avec des mesures de sécurité accrues, alors que la police de Nara a reconnu des failles « indéniables » dans celles qui entouraient le meeting de M. Abe.

Elle a été dominée par des préoccupations locales, notamment les hausses de prix et les risques concernant l’approvisionnement en électricité, alors que la canicule qui touche le Japon depuis fin juin fait craindre une pénurie d’électricité.

La coalition au pouvoir, formée du Parti libéral-démocrate (PLD) de M. Kishida, 64 ans, et de son allié le Komeito, pourrait selon les projections remporter plus de 70 sièges sur les 125 à pourvoir dimanche (le Sénat compte au total 248 sièges, renouvelés par moitié tous les trois ans).

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Faute d’avoir pu présenter une alternative séduisante, le Parti démocrate constitutionnel (PDC) de centre-gauche risque, selon les sondages, de perdre une partie des 45 sièges qu’il détient actuellement, et sa place de principale force d’opposition.

Une proportion record de femmes

Dans un pays souvent critiqué pour le manque de représentation féminine dans ses institutions et la direction de ses entreprises, une proportion record de 33 % de femmes se présentent parmi les 545 candidats.

Une large victoire aux sénatoriales consoliderait le pouvoir de Fumio Kishida, qui s’est fait le chantre d’une politique économique plus redistributive baptisée « nouveau capitalisme », avant une période de trois ans sans élections prévues. Sa coopération étroite avec les alliés occidentaux du Japon pour faire pression sur la Russie a aussi été saluée dans l’archipel, et son projet d’accroître « considérablement » le budget de la défense est également populaire, alors que la Chine ne cesse d’affirmer ses ambitions territoriales en Asie-Pacifique.

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Le Monde avec AFP

Source : Le Monde.fr

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