Un électeur japonais glisse son bulletin dans l’urne, à Tokyo, le 31 octobre 2021. Un électeur japonais glisse son bulletin dans l’urne, à Tokyo, le 31 octobre 2021.

Les bureaux de vote ont ouvert au Japon, dimanche 31 octobre matin, à l’occasion des élections législatives pour lesquelles quelque 106 millions d’électeurs sont appelés à départager 1 051 candidats pour 465 sièges à la Chambre basse de la Diète.

Le nouveau premier ministre Fumio Kishida, qui a dissous la chambre des représentants le 14 octobre, espère bien garder son poste. Dans la précédente législature, le Parti libéral démocrate (PLD, droite nationaliste), dominant la scène politique japonaise presque sans interruption depuis 66 ans, détenait 276 sièges et son allié, le parti Komeito (centre droit), 29, soit 305 sièges au total. Leur coalition avait ainsi une solide assise parlementaire, permettant un contrôle de tous les leviers du pouvoir.

Mais le contexte a beaucoup changé par rapport aux dernières législatives en 2017. Shinzo Abe, qui semblait inoxydable au poste de premier ministre, a démissionné en septembre 2020 pour des raisons de santé. Son successeur Yoshihide Suga n’a tenu qu’un an, victime de records d’impopularité en raison de sa gestion jugée maladroite de la crise sanitaire et de sa volonté de maintenir coûte que coûte les Jeux olympiques de Tokyo cette année.

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Une campagne de dix-sept jours

Elu président du PLD fin septembre grâce au soutien des caciques du parti, puis nommé premier ministre par le Parlement début octobre, M. Kishida, 64 ans, ne jouit cependant pas d’une grande popularité dans l’opinion publique. Elle gravitait autour de 50 % début octobre, l’une des plus faibles pour un nouveau dirigeant japonais depuis vingt ans.

A l’issue d’une très brève campagne de dix-sept jours dominée par les thèmes tournant autour de la pandémie et de l’économie, M. Kishida vise la majorité absolue la plus courte : 233 sièges pour le PLD et le Komeito réunis. Une manière de sauver la face même en cas d’une perte sensible de sièges.

« Nous devons montrer au public que le PLD est ressuscité », avait lancé M. Kishida après son élection à la tête du parti. Il a promis de faire de la lutte contre le Covid-19 sa priorité numéro un, mais aussi de redynamiser l’économie et réduire les inégalités sociales grandissantes. Il est cependant resté vague sur les mesures pour y parvenir.

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Le PLD a longtemps profité d’une opposition historiquement faible et fragmentée. Mais pour ces législatives, cinq partis d’opposition vont coopérer dans de nombreuses circonscriptions, ce qui pourrait théoriquement affaiblir le PLD.

« M. Kishida est confronté à des vents contraires dus à une faible cote de popularité et à une opposition plus coordonnée », résume Stefan Angrick, économiste de Moody’s Analytics.

Un œil sur la participation

D’un autre côté, le PLD dispose de gros moyens et reste maître dans l’art de contrôler le processus électoral, notamment dans les zones rurales. « Il y a des liens personnels entre les familles de ses candidats et les électeurs, qui remontent à plusieurs générations », rappelle à l’agence France-Presse (AFP), M. Cucek, professeur d’études asiatiques au campus japonais de l’Université Temple.

Autre atout pour M. Kishida et son parti : le nombre d’infections au Covid-19 a chuté au Japon (environ 270 nouveaux cas quotidiens sur la dernière moyenne de sept jours), après avoir atteint des records en août sous l’effet du variant Delta.

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Et après un démarrage laborieux début 2021, la campagne de vaccination dans l’archipel est devenue un succès : plus de 71 % des habitants ont désormais reçu deux injections, l’un des taux les plus élevés parmi les pays de l’OCDE.

La participation électorale, particulièrement basse au Japon (53,68 % aux législatives de 2017 et 52,66 % à celles de 2014), sera scrutée de près dimanche. Une abstention élevée favorise traditionnellement le PLD.

Le Monde avec AFP

Source : Le Monde.fr

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