Au centre, Junichiro Hironaka, responsable de l’équipe de défense de Carlos Ghosn, mardi 31 décembre 2019, à Tokyo.
Au centre, Junichiro Hironaka, responsable de l’équipe de défense de Carlos Ghosn, mardi 31 décembre 2019, à Tokyo. KAZUHIRO NOGI / AFP

Une opération « digne de James Bond ». C’est ainsi, selon un proche du dossier, que Carlos Ghosn a fui le Japon pour gagner le Liban, où il a atterri, dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 décembre 2019, à bord d’un jet privé qui avait décollé, quelques heures plus tôt, de la Turquie voisine.

L’ancien dirigeant de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est avec son épouse, Carole, et loge dans une maison protégée par plusieurs gardes. Un répit après un voyage rocambolesque depuis Tokyo où il était assigné à résidence depuis sa libération sous caution, le 24 avril 2019, après un total de cent trente jours de garde à vue et de détention provisoire, et dans l’attente de son procès pour diverses malversations financières. Les conditions de sa résidence lui interdisaient de voyager à l’étranger.

Au Japon, Carlos Ghosn habitait dans une maison du quartier chic de Hiroo, dans le centre de Tokyo. Il semble que la surveillance n’était pas des plus strictes, même si elle était assurée par la police, le bureau des procureurs et, à titre privé, par Nissan.

Selon nos informations, l’homme d’affaires y a échappé pour gagner un aéroport discret de l’Archipel, où l’attendait un avion privé en partance pour la Turquie. Il serait entré au Liban avec une simple pièce d’identité. Ressortissant libanais, il n’a pas besoin de passeport pour franchir l’immigration.

L’hypothèse d’un départ sous une fausse identité

De fait, selon une source citée par la chaîne publique japonaise NHK, une vérification des données des services d’immigration montre qu’il n’y a eu aucune sortie du territoire sous le nom de Carlos Ghosn.

Ce point a soulevé l’hypothèse d’un départ sous une fausse identité, ce qui suppose l’existence d’un vrai-faux passeport. Les autorités japonaises auraient contacté l’ambassade du Liban à ce sujet. La représentation diplomatique refuse de commenter officiellement, mais aurait nié. Il semble improbable que Beyrouth coure le risque de se mettre Tokyo à dos.

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Toujours selon nos informations, l’opération a été manigancée par Carole Ghosn, qui était, avec son époux, dans l’avion arrivé à Beyrouth. Il est même possible qu’elle l’attendait dès le départ. Mme Ghosn aurait préparé cette « évasion » avec ses demi-frères – issus du remariage de sa mère avec le membre d’une modeste famille sunnite du nord du Liban –, qui ont d’excellentes relations en Turquie. Depuis son mariage avec Carlos Ghosn, elle dispose, à titre personnel, d’importants moyens financiers.

Source : Le Monde.fr

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