Une affiche publicitaire à Beyrouth, le 6 décembre 2018.
Une affiche publicitaire à Beyrouth, le 6 décembre 2018. JOSEPH EID / AFP

Prendre ses distances pour éviter toute querelle diplomatique avec Tokyo. Après l’évasion surprise à Beyrouth de Carlos Ghosn, la France a rapidement fait savoir qu’elle n’avait eu aucune information sur la fuite du Japon de l’ancien président-directeur général de Renault-Nissan. Dans un communiqué lapidaire, le ministère des affaires étrangères français a assuré mardi 31 décembre ne pas avoir « été informé de son départ du Japon et n’avoir eu aucune connaissance des circonstances de ce départ ».

Plus tôt dans la journée, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, avait elle aussi souligné que « [Carlos] Ghosn est un citoyen comme les autres », mais « il n’est pas au-dessus des lois ». La haut fonctionnaire a toutefois rappelé le « devoir de soutien consulaire avec les ressortissants français », tout en jugeant que, « si un ressortissant étranger fuyait la justice française, on serait très fâché ». Personne ne peut « s’exonérer » de l’application de la loi, a renchéri mardi le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.

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« Bien sûr que c’est inexcusable »

L’ex-magnat de l’automobile, âgé de 65 ans, qui possède trois nationalités (française, libanaise et brésilienne), est parvenu à sortir de l’archipel où il était en liberté surveillée sans que quiconque ne s’en aperçoive. Alors qu’il préparait son procès avec assiduité, selon ses défenseurs, et semblait, d’après des proches, se plier avec application à toutes les règles imposées (pas de séjour à l’étranger, ne pas voir ni contacter sa femme, rapporter toutes ses rencontres, ne pas quitter Tokyo plus de trois jours), cette fuite a surpris tout le monde.

Son principal avocat, Junichiro Hironaka, qui a appris la nouvelle « par la télévision », s’est dit « abasourdi ». « Bien sûr que c’est inexcusable, puisque c’est une violation des conditions de sa libération sous caution, c’est illégal au regard de la loi japonaise, mais, pour autant, de là à dire que je ne comprends pas son ressenti, c’est une autre histoire », a-t-il déclaré aux médias, visiblement affecté.

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En l’absence de traité d’extradition entre Beyrouth et Tokyo, M. Ghosn a peu de risque d’être renvoyé au Japon. La CGT Renault a dit cependant espérer que « toute la lumière » sera faite sur cette fuite, « notamment des complicités » dont a pu bénéficier l’ancien patron. « Une nouvelle fois, Carlos Ghosn s’autorise à décider de ce qui relève de la justice ou non, tout comme il s’est autorisé à licencier des centaines de milliers de salariés sans autre forme de procès », a commenté le syndicat.

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Source : Le Monde.fr

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