Manifestation devant  la Haute Cour de Sendai alos que celle-ci statue sur la responsabilité de l’Etat japonais et de la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) dans la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 30 septembre.

Les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima ont ressenti un réel soulagement à l’annonce du jugement rendu en appel le 30 septembre, affirmant l’égale responsabilité de l’Etat japonais et de la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) dans le drame causé par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.

« Aujourd’hui, je veux rentrer à la maison et boire du saké devant le portrait de mon père », a déclaré au quotidien Mainichi, Kazuya Tarukawa, un habitant de Sukagawa, petite ville du département de Fukushima (nord-est) à 80 kilomètres de la centrale, et l’un des 3 650 plaignants à l’origine de la procédure. Son père s’est suicidé fin mars 2011, quand les autorités lui ont interdit de vendre son riz et ses légumes biologiques à cause des retombées radioactives.

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Le jugement rendu par la Haute Cour de Sendai (nord-est), qui a ordonné de verser un total de 1,01 milliard de yens (8,2 millions d’euros) de dédommagement à 3 550 des plaignants, s’appuie sur une évaluation du risque de puissants tremblements de terre, réalisée en 2002 par le ministère des sciences. D’après cette étude, le département de Fukushima pouvait être touché par un tsunami de 15,7 mètres.

Le gouvernement comme Tepco auraient fait preuve de négligences en ne mettant pas en œuvre les mesures de prévention nécessaires. « L’autorité de régulation n’a, de ce fait, pas rempli le rôle qu’on attendait d’elle », a tranché le tribunal. Le tsunami de mars 2011 est à l’origine de la fusion de trois des six réacteurs de la centrale de Fukushima.

Créer un précédent

« C’est une décision sans précédent qui met en évidence le refus du gouvernement et de Tepco de considérer les données qu’ils ne voulaient pas voir », fait de son côté remarquer Totaro Hatamura, de l’Université de Tokyo, qui a dirigé l’une des enquêtes sur la catastrophe de Fukushima. Le gouvernement a toujours affirmé qu’il n’avait pas pu empêcher ni le tsunami ni l’accident nucléaire. Comme Tepco, il souhaite « analyser le verdict » avant de « considérer une réponse ».

La décision de Sendai est plus sévère que celle rendue en 2017 en première instance, qui insistait sur la responsabilité de Tepco. Elle pourrait créer un précédent pour la trentaine de procédures en cours dans tout le pays. « Les plaignants dans les autres procès ont fourni des témoignages similaires. La tendance récente qui voit les tribunaux rejeter leurs plaintes pourrait être inversée », estime Masafumi Yokemoto, spécialiste de politique environnementale à l’Université d’Osaka.

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Source : Le Monde.fr

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