Davant la gare de Tokyo vide, le 27 avril.
Davant la gare de Tokyo vide, le 27 avril. ISSEI KATO / REUTERS

Les appels des autorités ont finalement porté : depuis samedi 25 avril, Tokyo et les grandes villes se sont refermées sur elles-mêmes. En début de soirée, samedi, la capitale était quasi déserte comme elle l’est à l’ordinaire vers 2 ou 3 heures du matin lorsque les fêtards ont pris les derniers métros et qu’elle devient le royaume des vrais noctambules.

La ville scintillait toujours de ses lumières mais la circulation était sporadique, les métros et les trains roulaient à vide. Même les Shinkansen (trains à grande vitesse) qui sillonnent l’Archipel du nord au sud circulaient pratiquement sans passagers. Dimanche, en dépit du beau temps, les promeneurs dans les parcs, envahis le week-end précédent, étaient moins nombreux. Quant aux surfeurs, ils avaient déserté les plages des environs de la capitale, bondées une semaine plus tôt.

En dépit des appels à rester chez soi sauf en cas de nécessité absolue, répercutés deux fois par jour par les haut-parleurs des quartiers, les Tokyoïtes semblaient renâcler à suivre les directives gouvernementales. Puis, soudain, au cours du week-end, le trafic piétonnier à Tokyo a diminué de 80 %.

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En ce début de semaine, les foules des quartiers animés de la capitale s’étaient volatilisées : aux grands carrefours, quelques piétons traversaient des avenues quasi désertes, comme un dimanche matin. Magasins fermés et quelques rares restaurants ouverts donnaient à la capitale une atmosphère morne que seules égayaient les azalées en pleine floraison qui parsèment Tokyo. La vie s’est brutalement ralentie – bien que beaucoup d’employés n’aient pas d’autre choix que de se rendre sur leur lieu de travail, au risque, sinon, de voir leur salaire réduit ou de perdre leur emploi.

« Une semaine de vacances à la maison »

Le changement de comportement des Tokyoïtes est d’autant plus significatif qu’à partir du 29 avril commence la golden week, une période qui dure jusqu’au 5 mai, au cours de la laquelle se succèdent plusieurs fêtes nationales. Cette grande semaine de congé du printemps implique des autoroutes embouteillées et des trains bondés. La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, entend que cette « semaine d’or » soit « une semaine de vacances à la maison » et elle a appelé les Tokyoïtes à ne pas quitter la capitale pour ne pas risquer d’étendre la contamination à d’autres régions. Ses homologues des départements limitrophes ont demandé à leurs administrés de ne pas se rendre à Tokyo.

L’« indiscipline » au cours des dernières semaines des Japonais, qui passent à l’étranger pour être « disciplinés », peut surprendre. Le qualificatif « disciplinés », qui évoque l’école ou l’armée, est en fait inapproprié… Les Japonais sont moins « disciplinés » qu’enclins au civisme. Il leur a été inculqué depuis le plus jeune âge qu’il ne faut pas gêner autrui et que le respect des règles facilite la vie en communauté. C’est à cette responsabilité civique que les autorités font appel depuis la proclamation de l’état d’urgence à Tokyo, le 7 avril, étendu une semaine plus tard à tout le pays.

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Source : Le Monde.fr

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