Sur le Salon de l’automobile de Bruxelles, le 9 janvier 2020. Sur le Salon de l’automobile de Bruxelles, le 9 janvier 2020.

C’est un secret de polichinelle. Jean-Dominique Senard, le président de Renault, a fini par se faire à cette idée : l’Alliance scellée avec Nissan en mars 1999 pourrait mieux fonctionner si les deux groupes étaient sur un pied d’égalité dans le capital l’un de l’autre.

Actuellement, la marque au losange détient 43,4 % de l’entreprise nippone, qui ne possède que 15 % de Renault. Ce déséquilibre, alors que Nissan produit quatre millions de voitures contre 2,7 millions pour son actionnaire, est la cause de frictions incessantes et d’une méfiance constante des Japonais, avant comme après l’éviction de Carlos Ghosn, fin 2018. De plus, selon les termes d’un accord signé en décembre 2015, le groupe français n’a pas les pouvoirs que devrait lui conférer sa participation.

De son côté, Luca de Meo, directeur général de Renault, explique que pour faire repartir la collaboration entre les deux groupes depuis son arrivée, en juillet 2020, il s’est efforcé de faire oublier ce qu’il se passe en haut pour repartir d’en bas, du terrain, en regardant sur quels sujets concrets, dans quels pays, les deux entreprises pouvaient trouver de nouvelles collaborations.

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Une méthode qui semble porter ses fruits. Selon nos informations, une dizaine de projets concrets sont à l’étude entre les deux groupes. Des programmes communs sont envisagés en Inde ou en Amérique du Sud. Nissan serait aussi prêt à prendre jusqu’à 15 % du capital de la société que Renault veut créer pour y loger ses activités dans la voiture électrique, sous le nom de code « Ampère ». En revanche, le groupe de Yokohama ne serait pas intéressé par l’autre filiale que veut créer la marque au losange.

Vente par étapes

Dénommée provisoirement « Horse », celle-ci regrouperait la recherche et la fabrication de moteurs thermiques, et aurait pour partenaires le chinois Geely, déjà actionnaire de Volvo, et la compagnie pétrolière saoudienne Aramco.

Il faudra toutefois que ces projets soient très concrets pour convaincre les marchés, mais aussi le premier actionnaire de Renault, l’Etat français (15 %), que l’Alliance entre vraiment dans une nouvelle ère.

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Car pour l’instant, ce qui se dessine dans cette réorganisation du partenariat, c’est surtout une perte potentielle très lourde. Il se trouve que la participation dans Nissan est valorisée à 16,2 milliards d’euros dans les comptes de Renault à fin décembre 2021. Soit entre 1 100 et 1 200 yens (7,5 et 8,10 euros) par action. Or, vendredi 28 octobre, le titre Nissan a terminé la séance de Bourse à 461,40 yens. Si le constructeur français réduisait sa participation de 43 % à 15 %, la perte serait abyssale : entre 6 milliards et 7 milliards d’euros.

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Source : Le Monde.fr

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